
Les Vagues en roulant fut le rivage, la Ma-«
rée en s’ y élevant, y pouffent continuellement
la vafe, le fable, le gravier, to'uteslés matières
en un mût qui forment le fond de la Mer &
qui peuvent en être détachées* Parlà elle creu-
fe fans cefle fon lit, & fe retire: les Continons
s’aggrandiflent 8c s’élèvent. C’eft un quatriè-»
ine Syftème.
L ’eau de la Met s’ évapore y fes particules les
plus déliées atteignent les derniers confins do
notre Atmofphére : & f i la Terre perd fon action
fur elles à caufe de leur diftance , & que
dans fon cours elle les abandonne dans Pefpace /
nous devons perdre peu-à-peü une partie de la
matière qui coffipofe notre Monde. La Mer
doit donc diminuer, nos Continent s’étendre &
fe trouver de plus en plus élevés audeflus de
fon niveau Les eaux ont d’abord couvert
toute la Terre ï & e’eft par leur diminution que
nous avons des Continens. Voilà Un cinquième
Syftème.
C’eft donc en général par l’a&ion des ÉaüX y
plus que par toute autrè caufe, qu’on a cherché
à rendre raifoft de la fabrication de nos
Continens: 85 par conféquent il devient ne*
ceffaire d’examiner cet objet avec beaucoup
d'attention, pour en écarter ces idées- vagues y
qui peuvent fonder avec autant de plaufibilité
des Syftèmes contraires. Suivons pour cet eiFet
l’aétion des eatix dans toutes ces modifications
jusqu’à préfent imaginées.* Nous connoiiïbns
les Règles de l’Hydraulique ; les eaux fe meuvent
& agirent par des Loix invariables : ce
fera donc d'après ces L o ix , d’après les phénomènes
bien déterminés, que fexaminerai chacun
de ces Syftèmes féparément. Plus nous-nous
fentons entraînés par les premières apparences?
plus nous devons nous aftreindre à marcher à
pas comptés# ne pafiant rien fans nous erf
rendre râifon d’ une manière fatisfaifante: & fi
nous ne le pouvons pas entièrement, nous de-'
Vons du moins marquer les limites de la certitude
, & le point où les conjectures commencent
; afin de déterminer le degré de créance
auquel nous devons nous arrêter. Si l’on avoit
toujours procédé ainii, les têtes feroient moins
remplies d’illufions & les Bibliothèques de Livres.