
fouvent par là qu’ il découvre les plus importantes
vérités, ou fes erreurs, Quiconque a
éprouvé, à quelque petit degré que ce foit, la
différence d?étudier la Nature elle-même, ou
les Cabinets d?Hiftoire Naturelle, fentira la
vérité de ce que je dis. On eft étouffé à la
vue d’une Collefiion ; on n’ y prend que des
idées indigeftes ; & fi Ton ne s’ y donne à des-
fein les mêmes relâches qu’offre la Nature, op
n’y apprend rien.
Je l’ai fenti fortement, même en traitant
mon fujet. J’avois une longue carrière à parcourir,
& je me laffois à n’y confidèrer que
des pierres. Je fentois donc ce befoin, auquel
la Nature pourvoit fi libéralement : j’aimois à
revoir fur mon chemin les Bois & les Prairies;'
j?aimois à me rappeller un Rocher où j’avois
goûté le plaifir du repos en jouiffant d’un air
fu r & de rians afpeéts. Je m?y fuis livré quelquefois
je l’*avoue ; & je dirai à ce fujet, ce que
je n’aurois ofé dire le premier, mais que j’ai
fenti comme M l de la Lande (a ) ; qu’il doit
être permis à celui qui n’écrit pas par intérêt,
de fe procurer quelque plaifir en écrivant. Je
m’en ferois cependant abftenu, fi j’avois erp
(*} Préface «Je ht« ■dlÎKQnop.je%
que mes Leéteurs puffent y perdre. Mais
l’Auteur qui s’ ennuie , ' eft bien plus expofé à
ennuyer. Et s’il eft beaucoup de mes Leéteurs
à qui mes descriptions pittoresques déplaifent,
ils les paflèront fans les lire, & me retrouvai
ront plus frais au delà.
Cependant, ce n’ eft pas uniquement en vue
de procurer du relâche à mes Leéteurs & à
moi, que je me fuis livré à ces épifodes apparentes
: j’avois un but non moins important.
Je defire ardemment qu’on étudie de près la
furfaçe de la Terre ; perfuadé que plus on ob-
fervera les Phénomènes qu’elle préfente, plus
on s’ inftruira folidement fur fon Origine & fes
Fins.' La Génération prochaine, en rendant à
la nôtre cette juftice, qu’elle a commencé à entamer
de vraies recherches, nous trouvera enco-
j te bien ignorans ; car mous ne faifons que com-
; mencer. Mais fi je fouhaite que la Nature foit
obfervée, je ne voudrois pas que ce fût tou-r
jours par de fimples Minéralogiftes, Nomenela-
' teurs, Collééteurs ; je voudrois que ce fût
plus fouvent par des Phyficiens & des Philoi
fophes. Cependant chacun bute au plaifir; &
ceux qui s’occupent de Théorie, en trou-
■vent tant dans le Cabinet, qu’ ils laiflènt aux
|utres le fpin de ramaffer des pierres. Qu’ ils
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