
mens ihppofés .• lé Créateur l’avoit deftinéeà
dps ufages qu’ elle.ne rempliroit pas, fi elle e$t
été ainfi. fabriquée comme au hazard, au milieu
du troqble des élémens : ç’eft même à
prouver cet état régulier de la Terre, que j’ai
deftiné cette nouvelle Lettré. Cependant j ’ai
déjà'laiffé entrèvoir à V. M. que ç’eft par une
grande Révolution que je m e propofe de Lui
expliquer l’état préfent de notre Globe; ce qui
a pu Lui paroitre une contradiâ;iont II faut
donc que je commence par l’expliquer.
C’eft aux yeux de l’ entendement, & non à
ceux d q . corps, que la furface de notre Globe [
fournit des preuves évidentes d’une Révolution
générale. G’eft cet amas confus de corps marins
& terrejlres, enfévelis presque partout,
jusques dans le fein des Montagnes, qui nous |
dit d’une manière irréfiftible, qne notre demeure
n’eft pas fortie des mains du Créateur telle |
qu’elle eft aujourd’hui. Mais fi nous oublions I
pour un moment que ces Corps font étrgn- J
gers aux lieux oti ils fe trouvent, la nécefiité
d’admettre une Révolution générale s'éciipfe,' il
n’y e n a plus aucun indice à nos yeux; fit au
contraire tout fçmble, nous dire, que le Monde
ne fut jamais différent de ce que nous le voyons.
Çar fi la végétation & la vie demandoient la
circulation des eaux ; fi la communication des
Etres vivans & la nature de la plupart d’en-
fr’eux demandoient qu’il y eût de vaftes plaii
nés contiguës; tout eft aujourd’hui tel quil
dût être dès le commencement.
La Mer, réfervoir commun des eaux, cou«
Vre une partie du Globe fans aucune grande
interruption ; laiffant fur deux Hémisphères
oppofés, deux grands Continens qu’elle
embraffe: - Par cette pofition rélative des Eaux
& des Terres, les vapeurs font aifément trans-»
portées jusqu’ au centre des Continens; & par
la conformation de c eu x -c i, elles retournent
de toute part à la Mer, par les Fontaines,
les Ruiffeaux & les Rivières, après avoir en«
tretenu la vie par tout.
Mais ces remarques font plus téléologiques
que Phyfiques : elles montrent plus les des«
feins de Dieu, que la forme des terres. Auiïl
ne les fais-je qu’en paflant, & feulement pour
montrer à V. M. qu’ici la Phyfique eft d’accord
avec nos principes fur la Caufe prémière : que la
régularité des Continens, fource évidente de
tant de biens pour les Etres fenfiblës; eft auifi
la preuve, qu’ils n’ ont point éprouvé ce genre
de révolution dont j’ai eu l’honneur d’entretenir
V. M. jufqu’ ici.