
qüis les forces qu’ il faut avoir déjà pour eu
aller chercher de nouvelles fur les Alpes. Mais
le Pais me rappelle à des réflexions que j’annonçai
à V. M. l’année dernière, en lui décrivant
des lieux, dont on ne fauroit s’occuper
fous un point de vuë Phyfique, fans embraffer
anfli-tôt l’ idée générale de notre Globe; fans
fe demander au moins, comment fe font formées
ces mafles, qui portant en mille endroits
des marques évidentes de formation fuccefllve,
femblent annoncer en même tems partout une
inévitable deftrudtion ?
V. M. qui aime l’Hiftoire Naturelle, jettera
volontiers un coup d’oeil < général fur cet objet.
•Elle a fçu fe mettre dans cette dispofition
qu’ exige l’étude de la Nature ; voir les effets,
écouter ce qu’on dit des caufes, fans fe croire
obligé ce prendre un parti, quand aucun parti
n’ agrée. L ’Incertitude , l’ignorance même à
cet égard ne l’inquiètent point; E l l e fait que
cet état ne diffère fouvent que par moins- d’erreur,
de celui qu’on appelle favoir. Il faudrait
inculquer à tous les hommes, ce que V. M.
fent fi bien, qu’après le Savoir réel d an s les
chofes qui en font fus/ceptibles, favoir ignorer
eft la connoiflance la plus importante. 5* nl
Jais pas, devroit être une réponfe très fréquen*
tç des Inftituteurs à leurs élèves, pour les accoutumer
à la faire eux-mêmes fans en rougir : car
ce n'eft qu’après avoir acquis ce grand préfer-
yatif contre le danger, de croire tout, ou de
ne rien croire du tout, que les hommes de-
vroient s’avanturer dans la recherche. V. M.
a fçu tenir le, milieu entre ces deux écueils; je
I puis donc efpérer de l’intérelier quelquefois,
en Lui préfentant un Tableau racourci des objets
qui fe développent par l’obfervation attentive
de notre Globe, quoique ce tableau reftq
couvert de bien des ombres.
Ce fera le réfultat des réflexions de presque
tqute ma vie ; & en particulier l’extrait dun
* ouvrage que nous avions fur le métier mon,
Jfrere & moi depuis bien longtems, & pour le-
1 quel nous avons fait une collection nombreufç
i de fofliles ; Mais il y manquoit des dévelope-
: mens que le tems feul peut amener, & des ob-
fçrvations projettées depuis longtems fur des
chofes vaguement apperçues; c’eft ce qui nous
avoit empêçhé de le finir.
Cependant l’ efprit général de recherches a
Jfait chemin; ce qui a diminué l’ utilité du tra-
Ivail que nous avions déjà fait. Il contenoit
lia réfutaion de diverfes Hypothèfes fur fa formation
de la Terre, fur les révolutions qu’elle