
jours par là quelques pas vers la connoiffance de
de notre Globe : & dans ce qui me refte à dire
fur ce fujet, V. M. verra beaucoup mieux
qu’EixE n’a pu le voir encore, quel eft le vrai
phénomène qu’il faut expliquer.
Lorsque je me fuis rencontré dans les pays
abondans en Coquillages fijjiles , j’ai presque
toûjours évité de devojr ma récolte à la géné-
rofité des Naturaliftes du lieu ; j’ai été moi-
même à la découverte. Or voici ce que j’ai
remarqué fréquemment. Une Colline 1 enferme
des Coquillages ; mais ce n’eft point dans toute
fa hauteur indifféremment: c’ eft dans des couches
particulières. En décrivant à V. M. une
de ces Collines , E l l e connoitra la compo-
fition de la plûpart des autres. Je parlerai
d’abord de celles qui ne font pas encore endurcies.
C’eft dans les endroits où ces Collines s’ éboulent
, comme au bord des Torrents Ou des Rivières
, qu’il eft facile de les étudier. La cour
pe de plufieurs couches s’y préfentant a la fois,
on en voit d’un coup d’oeil la nature & l’affem-
blage. Souvent, quoique difpofée par lits, toute
la matière dominante eft de même nature;
fable , marne, argille, gravier. Mais elle eft
entrecoupée par des couches d’une efpèce différente;
& ces couches font presque entièrement
de Coquillages. On trouvera donc par exemple,
une couche toute entière cPhuitres, de demi
pied, d’un pied, de deux, de trois pieds d’é-
paiffeur; & cette couche, horizontale ou inclinée
, traverfera toute la Colline. Dans cette
couche, les huîtres, mêlées & remplies de la ma-
tière dominante, en furpaiferont quelquefois la
quantité. Puis fuccèdera un lit de cette même matière,
où à peine trouvera-t’on çà & là quelques
huîtres; lequel fera furmonté d’un nouveau lit
<Vhuitres, autant, ou plus, ou moins épais, que
le précédent ; fuivi lui-même d’un nouveau lit
de la matière dominante, & ainfi de fuite.
D’autres fois les couches diftinétes font compo-
fées d’une autre efpèce, de coquillage à deux
valves que l’on nomme Cames. J’ai remarqué
en général, que quand les couches font ainfi
compofées d’une feule efpèce de coquilles en
très-grande abondance, ce font le plus fohvent
des bivalves. Ces coquillages fe meuvent avec
beaucoup plus de lenteur que les univalves,
quelques uns même ne fe meuvent pas du
tout; ils reftent ainfi beaucoup plus enfemble,
& peuplent prodigieufement. Le fond aètuel
de la mer, qui en eft tout couvert dans certains
endroits, nous donne une image vivante
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