
pas un fois, dans aucun Homme, à mouvoir l’origine
des Nerfs qui vont aux Muscles, de manière
à produire tout cet enfemble de mouvement
des Yeux, & de perceptions intérieures,
qui accompagnent cette efpèce fimple de juge-
mens. Cependant chaque Homme l’exécute mille
fois, de la même manière, & dans le même but.
Et fi, de cette efpèce de jugemens, qui eft
l’une des plus fimples, nous paifons à des jugemens
complexes & qui demandent de longues
fuites de comparaifons, toujours accompagnées
de rmuvemens des Organes rélatifs au
même but, l’improbabilité que des imprejjions
reçues & confervées par le Cerveau, aboutissent
à de pareilles opérations, deviendra infinie.
Cette confidération porte directement contre
VAthéifme. Pour le réfuter il n’eft point néces-
faire de réfuter le Syftême d’H a r t l e y : j’en
ai accordé au premier tout ce qui peut lui appartenir
; même des opérations de la Matière que je
démontrerai impoffibles : mais il n’a aucun
droit de fuppofer l’arrangement dont je vais
parler maintenant
Quant il s’agit donc du Thêiflej qui, admettant
je Syilême d’H a j r t l e y , ou tout autre de c e
genre, croit que Dieu à fait cette Machine, que
nous nommons le Corps, avec Vintention qu’elle
exécutât dans le cours dè la vie de chaque Homme
, tout ce que fon A m e fpeétatrice apper-
çoit qu’ elle exécute, il, faut réfuter dire&e-
ment ée Méchanifme. Selon H à r t l e y , . la
Machine entière nommée notre Corps, a été
arrangée (tant en elle-même qu'à l’égard de l’action
des objets extérieurs) de manière qu’elle
exécutât feule toutes les opérations que nous
appelions intelkâuelles, en préfenee de l’A m e
immatérielle i qui ne fait qu’appercevoir, & ne
peut rien de plus - C’eft donc cet enfemble
du Syftême d’H A R T L E Y , qui ne fauroit appartenir
ni à VAthéifme ni au Matérialisme p u r ,
que je me propofe de réfuter une fois. Quant
àpréfent, je ne m’occupe que de ces deux derniers
Syftêmes.
Quoiqu’il ne s’agiffe donc pas ici de là foli-
dité de ce Méchanisme d’HARTLEY, je vais
rapporter un raifonnement qu’on m!a fait à fon
occafion; parce qu’il me donnera lieu de reve-
nir à ce que nous fentons des Facultés aâives dé
1 ''Ame. Voici ce raifonnement.
„ La tentative d’expliquer les opérations dé
l’Efprit par un Méchanisme, ne produit fans
„ doute rien de démonftratif en faveur de cé
Méchanisme. Mais la poifibilité qui réfulté
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