
unes vers les autres, les eaux qui font à la
furface de la Terre doivent fe porter vers la
Lune, & parconféquenV s’accumuler vers le
point qui eft le plus près d’ elle, & former une
tumeur à ce point là. La Terre tournant fur
elle-même en 24 heures, préfente fucceffive-
ment diverfes parties de fa furface à la Lune :
ce fera donc toûjours au point le plus près de
ce fatellite que fe formera une tumeur dans les
eaux, qui parcourra fucceifivement le contour
de la Terre; d’où refultera im mouvement
de l’Océan dans le fens oppofé à celui du mouvement
de la Terre fur elle-même, c’eft-à-
dire d’Orient en Occident
C’eft en effet une pareille tumeur de la Mer
qui fait les Marées. La Marée eft haute partout
où la tumeur paife; elle eft baffe quand elle
a paffé. Mais la Marée eft haute deux' fois en
24 heures: elle eft haute du côté.le plus éloigné
de la Lune, tout comme de celui qui en eft
le plus près. Il y a donc deux tumeurs oppo-
fées : & fi celle du côté de la Lune peut s’expliquer
par la tendance des eaux vers cette Planète,
ne devroit-il pas refulter de la même
caufe, que les eaux fuffent abaiffées du côté oppofé?
De ce côté là les eaux tendent aufli
vers la Lune; & quand cette Planète éclaire
nos antipodes, la direètion de la tendance de
nos eaux vers elle étant par le centre de la
Terre, ne devroient-elles pas s’abbaiJJ'er, plutôt
que de s?élever ? Il femble donc fous ce
point de vue, que fi la Lune étoit la feule
caufe du flux & reflux, il ne devroit y en a-
voir qu’un en 24 heures; le flux quand la Lune
eft audeffus de l’Horizon, & le Reflux quand
elle eft audefîbus.
C’eft cette objeétion, très naturelle au premier
coup-d’oeil, qui m’engage à entrer ici
dans une explication plus précife du phénomène
des Marées ; & d’autant plus qu’elle a affez
frappé quelques Phyficiens, pour leur faire
chercher dans une certaine caufe de tendance
centrifuge, à laquelle je ne m’arrêterai pas, l’explication
de la Marée du côté oppofé à la
Lune.
L ’ illufion dont je viens de parler, provient
de ce qu’en confidérant l'effet de la Lune fur la
Terre, on ne penfe qu’ aux eaux: on fe reprefent®
à cet égard la partie folide de la Terre comme
immuable, & les eaux feules comme mobiles.
Et en effet fi cela étoit ainfi, il n’y auroit né-
ceffairement qu’un flux & reflux en 24 heures »
tel que je viens de l’ expliquer. Mais c’ eft la
Terre entière qui eft attirée par la Lune ; $£
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