
de première pierre de touche dans tout ce qui
concerne la Théorie de la Terre. V. M. voudra
donc bien me permettre, de m’ y arrêter
encore un moment.
„ Quoiqu’ il foit vrai, dira-t-on peut-être,
„ q u e l’Ocean, en fe transportant pendant
„ toute l’Eternité au tour de notre Globe dans
„ un même niveau, ne découvriroit ‘jamais au-
• „ cune des Montagnes que les Courans for-
„ ment dans fon fein; ne, Te pourroit - il point
„ que le travail qu’ il fait fur fes bords opérât
„ quelque effet dans la partie déjà fèche? Les
„ vagues charient & accumulent plufieurs for-
„ tes de matières : on leur voit faire fur cer-
„ taines côtes des Dunes, qui font de petites
Collines de fable: avec U tems ces Coili-
„ n é s . . . . ” Non , U tems ne fera rien encore
iei. Avec toute l’éternité ; (car il faut) toujours
en venir là , pour que . l ’argument foit concluant)
avec toute l’éternité, on ne fera jamais
que des Dunes. Et ces Dunes mêmes, dont
nous connoiffons des exemples,- feront bien
plus l’ouvrage des vents, que celui des va-,
gues.
. Quand les bords de la Mer fo n t d’ un fable
léger & que la plage eft baffe, le vent féconde
le travail des vagues, & pouffe le fable
plus haut qu’ elles ne peuvent atteindre. Il ie
fait parlà aü bord de la Mer une forte de bourrelet
de fable, de 40 ou 50 pieds de haut
& plus ou moins large, que les vagues &
les vents forment & détruifent tour à tour,
jusqu’à ce que la végétation l’ait fixé/ C’cft
ce qu’on nomme des Dunes. Elles font
fréquentes fur les bords de la Mer y en Hollande
& en Flandre. Dans quelques endroits les
Dunes s’y font confervées ; & les vents & la
Mer en ont fait divers Cordons fucceififs, Mais
de Montagnes ■> point ; pas même de vraies Collines:
comment les formeroit-elle? Peut-elle
agir où elle ne peut atteindre ?
Je conclus donc ; & fans foüpçonner un moment
que ces conféquences immédiates des
Loix de la Nature puiffent être défavouées par
les partifans mêmes du fyftème, lorsqu’ils y
feront attention: je conclus, d is - je , que
quand la Mer, par fon mouvement d’Orient
en Occident, détruiroit fans ceffe les côtes
Orientales ; ce qui ne fauroit être : que quand
les matières détachées de ces côtes remonte-
roient ce Courant pour venir s’appliquer aux
côtes Occidentales; ce qui ne fe peut pas non
plus : il ne réfulteroit de ces dépôts fucceififs,
que des Plaines abfolument unies, parfemées