
fonf tr^s grandes. Il fuffit pour l’appercevoir
fie dépouiller de modifications acceffoirçs &c
d’apparences trompeufes, bien des claffës particulières
d’hompes à charge à la Société dabs
jes deux fens.
Si donc un Etre bienfaifant, aux yeux Ë
qui les hommes font égaux, confidète ces différentes
pofitions; n’aura-t-il pas pitié de ceux
qui fouffient fans ceffe pour fe procurer les befoins
de la vie? Et fi, en les exhortant au courage,
à la patience, à la modération dans les
defirs ; en les contraignant par de fages inftitu-
tions à faire leur bien; il voit les moyens d’ep
diminuer le befoin; nè c ro ira .t-'il pas jufte dç
les leur ménager; furtout s’il obferve,que ceux
qui ont les plus grands avantages, né fe contentent
pas de fe procurer leur portion plus aifément;
piais qu’ils fe gorgent & dëtruifent, fans jouir à
proportion eux-mêmes, & fans fongcr à ceux
ijui ne peuvent venir qu’après eux ? ’ f
Yoilà, fi je ne me trompe, des queftions fur
lesquelles les réponfes ne font pas indécifes'.'
Et dès lors, le problème des fubilftances à produire
ne fera plus fi fimple. ' La quefiion, s’il
ne faut pas amener la terre au plus grand produit
peJJtUè, demandera çonfidératicm. Oui,*’
fépo.ndrai-je, fi l’on ajoute , $uj c’eft pour augmen'ter
autant qu’il fe peut la fomme des jouïs-
fançes ; & qu’en même tems on convienne, que
ce n’eit pas l’augmenter autant qu’ il eft pofii-
ble, que d’en laiffer accumuler les moyens entre
les mains d’un petit nombre d’ individus,
qui fouvent ne confultent que leur caprice, &
qui iurtout font des élixirs, très nuifibles à
l’augmentation de la jouiffance, univerfelle qu’on
doit avoir en vue. Par l’efpace de terrein qu’ ils
employant pour concentrer chez eux des moyens
de fatisfaire leurs goûts, ils détruifent vingt,
pour procurer un de plus, à eux-mêmes ou à
leurs favoris.
En expofant ce principe, je dois me hâter de
prévenir une conféquence que fa généralité
renferme. Je n’ai point en vue ce qu’on nomme
communément égalité C’eft une égalité vraie
que je fouhaite. Celle-ci ne confifte point dans
l’égalité des moyens de jouiffance : car les hommes
ont des befoins différens; & il y auroit
réellement une grande inégalité de jouiffance,
s’ il y gvoit égalité de moyens. La vraie égalité
renferme donc cette idée; que les moyens
de jouiffance, foyent proportionnés aux befoins,
de chaque claffe d'individus, fuivant leurs facultés
& leurs différentes pofitions. Celui qui
peut plus, defire plus; s’il ne l’obtient p a s , il