
me doutant: moins avide de jouir aux dépends
de fes feoeblables, qu-il fera heureux par leur
jouïffance; le but du Philanthrope fera rempli.
L ’Italie moderne, dit Mr. H e l v e t i u s
Ca ')> P plus de Foi, moins de, vertu que
Pancienne. Moins de vertu réelle, j?en doute;
car les vertus des Romains etoient bien nui fi-
bles au repos de l'Humanité. Mais plus de Foi,
me paroît une erreur bien plus grande. Le
Dogme fondamental de la Religion, celui qui
feit vraiment le bonheur des individus & l’heu-?
reux lien de la Société, c’eft celui d’un Etre qui
yoit tput, qui yeut le bien, & qui le récom-f
penfera, en même tenjs qu’il punira le mal.
Les Romains l’avpient conferyé, comme toits
les autres Peuples, l’ayant reçu comme eux de
Ja Religion primitive. Us l’avoient fans doute
aflbcié à des Fables, qui faifoient des maux particuliers;
& l’ Italie modérne eft plus près dp
vrai quant à la partie rationnelle des Dogmes.
Mais le coeur des hommes y eft-il plus pénétré
du Dogme fondamental? Voilà fur ' quoi il auroit
.fallu que s’expliquât Mr. Helvétius, pour que
fon antitbèfe prouvât quelque çhofe.
Jl faut au Prêtre une morale arbitraire, dit-ü
encore (A ) , morale qui lui permette de légitimer
aujourâPbui, Paâion qu’il déclarera abominable de?
main. Quelle paffîon !• Qu’eft ce donc que le«
Prêtre ? Eft-ee un L oup, un Renard, un Tig
r e . . . . . ou un H o m m e ? — - I l n7en ejl pas
de même, continue-t-il, des vertus du Citoyen. —r
Le Citoyen eft-il donc d’ une autre race que le
prêtre ? Mais voyons ce qu?il dit des vertus de
cette Efpèce particulière d’Etre. —— Ce font ,
la générafitè, la vérité, la jufiiee, la fidélité à
Pamitiê à fa parole aux engagement pris avec la
fociété dans laquelle il vit. — v Voilà les vertus
recommandées par'la Religion. — De telles vertus
, d it-il,font vraiment utiles.— 'Utiles! Dites
jndispenfables : c’eft comme telles que la Reli-
gionles ordonne, tant aux Gouverneurs qu’aux
Gouvernés, aux Pafteurs qu?auxTroupcaux, à t us
les Citoyens en un mot. Mais qui ne feroit étonné
de le voir conclufe par ces ternies étranges!
-—-r AuJJt nulle reffemblance entre un Saint &
un Citoyen vertueux. — — Veu t-il dire, qu’ il
n’y a nulle reiîemblançe entre c. lui qui affoéte
d’être vertueux, & celui qui l’eft véritablement?
Il n’eût pas été befoin pour cela de Caire
un Livre.
( a ) Tome I]Ç. pas. 663,
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