
gneux, que l’efpèce de Confeil que je tiens chez
moi pour réfoudre fi je repoufferai cette infuite
par le mépris ou par l’aètion, font analogues
à l’ effet d’une étincelle fur le foufre, du foufre
fur le bois, du bois fur les pierres & les métaux.
Quoique je ne veuille pas entamer ici l’objet
des opérations intell eâuelles de l’Homme, & examiner
fi la Phyfique & la Méchanique les expliquent
, je ne puis, à l’ occafion de ce Confeil
y que je tiens au dedans de moi, m’empêcher de
dire un mot de la fameufe Queftion, „ fi, cornparer
¡des idées & juger, n’eft autre chofe que
9i fentir. ” Cette queftion eft étrangère au fujet
que je traite maintenant; car juger pourrait
.n’être que fentir, fans qu’on put en tirer la
moindre induêtion, pour faire de P E t r e même
qui fent, le réfultat de fes Organes. Mais
elle eft étrangère aufii à la prétendue Phyfique
fie P Entendement, que je me propofe de traiter
à part: c’cft pourquoi je vais examiner ici cette
Queftion, & feulement pour développeras idées
renfermées dans le mot juger.
a <fu'ger ” j d i t H e l v é t , i u s , „ c’eût fentir :
„ car C’efh dans la capacité que nous avons
,, d’appercevoir les reflemblances & les discon-
„ venances qu’ont entr’euxles objets divers,que
„ confirent toutes les opérations de l’Efprit.
„ Or cette capacité n’eft que la fenfibilité phy-
„ fique même. Tout fe réduit donc à fentir. ”
C’eft là un bon exemple de Sophisme, à donner
aux Ecoliers de Logique. Quel dommage
que R o u s s e a u n’aît pas développé lui-même
, quelques notes qu’il avoit mifes en marge
fur fon Exemplaire du Livre de PEfprit, dans
l’intention de lerefufer! (a). On y lit ceci à
l’endrpit que je cite. La conclufion me parcît
claire; mais c’eft de P antécédent qu^il s’agit___
Voilà qui eft plaifant ! Après avoir légèrement
affirmé qu’appercevoir & comparer font la même
chofe, P Auteur conclut en grand appareil que ju ger
c’eft fentir.
C’eft là en effet le tour de paffe-paffe que renferme
la Majeure de ce prétendu Syllogisme. H e l -
v è t i u s y gliffe cette aflociation de mots:
„ la capacité d"’appercevoir les reffcmblances
„ & les disconvenances : <c phrafe dans laquelle ,
pour peu qu’ on foit inattentif, on ne découvriez)
V o y e z , lettres à Mr. D. B. Jur la réfutation
du Livre de l’EJprit d’Helvêt .us, par J. J. Roujfeau
Ht. Londres 1779. Cette publication intéreflante , eft
an nombre des obligations qu’ont les Lettres à Mr.
Dutems.
O B J