
celles de fon intelligence font grandes. L ’homme
curieux d’obfervations au contraire, eft ordinairement
doué d’ un bon tempérartment; la
facilité d’aller à la découverte, a tourné fon
génie de ce côté là ; il coürt pour Voir, pour
recueillir; le champ de Vobfervation eft fi
vafte, l’extérieur des chofes fi attrayant, qu’il
s’arrête rarement pour approfondir & pour
méditer.
Si ces deux hommes font des fyftèmes ; l’un
formera un Univers idéal, où il ne manquera
que de la reifemblanee à l’Univers réel : tout
d’ ailleurs y fera bien d’accord. Ainfi le faifoit
Burnet, ainfi l’a fait Leibnitz, dônt f aurai oc-
cafion d’entretenir V. M, L’autre nous fera
des Sphères de cartony-fùr les quelles il peindra
les chofes par leurs contours Bç leurs-'eou-
leurs feulement; tout n’y fera qu’apparence;
e’ eft ce qu’ à fait Woodward- Ce fera bien pis;
fi l’homme de Cabinet imagine, & ne réfléchie
pas; & fi l’obfervateur court pour voir, & né
voit pas. J’aime mieux alors les contes de
fées : leurs Sérions au moins nfamufent, fans
me tromper. C’eft en vérité à quoi-l’on eft
foüvent tenté de revenir, après avoir dévoilé
tant de férieufes chimères. Nous femmes bien
heureux que l’Univers ne foit pàr entre les
mains de tous ces fabricateurs ; S? bien heiw
rêüx auifi jRe pouyoir en jouir faqs lç çom*‘
pfëâdre. I :-x . -
Cependant il faut de l’aliment à l’efprit ; &
dans ce fens, la Phyfique a fans doute dp l’utilité,
indépendamment de fes ufages pratiques.
Il femble même que le Créateur n’ait tellement
envelopé la Nature , que poursmqurs. préparer
un fond inépuifable de recherches-; Me l’occupation
fans fin pour peux qui ’fé plaifent à
agir, & une fucGefllon continuelle d’objets d’ attention
pour ceux quj aiment à exercer leurs facultés
intellectuelles. Sans doute qu’i} fe gfifle
beaucoup de chimères dans tout cela; mais elles
font moins dangéreufes que l'oifiveté de l’efprit ;
furtout fi l’on fait refter dans un dqute raifon-
nable. Il faut donc nous livrer à la probabilité
des erreurs, pour jouir au moins du
plaifir prefent que nous donne l’efpoir ¿’acquérir
des connoiifances réelles,
D’ ailleurs il fe fait peu-q-peu un faifeeau de
vérités utiles; & les erreurs reconnues font elles-
mêmes des vérités acquifes. Ne foyoqs donc
pas découragés par les mécomptes que nous
éprouvons presqu’ à chaque p a s , feulement
rendons nous par là plus circonfpeéts. Lesef-
prits folides le deviennent bientôt par leuy