
tout ce qui eft plus élevé, ne fauroit être
Pouvrage d’elles feules. Ce principe ne me
paroit fusceptible d’aucune illufion. En iuppo-
fant donc qùe le niveau moyen de nos Plaines
foit élevé feulement de ico Toifes au defîùs
de celui de la Mer; cette élévation fuffiroit
pour renverfer le fyilème. Mais nous avons
suffi des Collines & des Montagnes; il faut
donc que leur formation foit expliquée, tout
eomme celles des Plaines; ainfi je les embras-
ftrai dans mes argumens.
Partons feulement du point le plus élevé,
où l’ on ait tfouvé des Coquillages en Europe.
J’ ignore qu’ il s’en foit rencontré plus haut
que fur une fommité des Alpes du Faucigny, nommée
le Grenier,, où nous fûmes il y a peu
données mon frère & moi, & où nous trouvâmes
des Cornes d’Afnmon à 7840 pieds de
France au deffus du niveau de la Mer, fui-
yant ce que nous indiqua l’obfervation du Baromètre
(a). Voilà donc une Montagne-dont
le fommet a dû être couvert des eaux de la
Mer; comment l’ en tirerons nous?.
Que les Montagnes puiflent fe former dans
le fein de la Mer; c’ell une chofe fur laquelle
(a) Recherches fur tes Mod/fcatiops 0e VAthosybire^
Tcoae I?. y- 306.
je n’éléverai aucun doute; j’en fuis moi-même
convainèu. ■ Le flux & reflux & les courants
qui en rélifltent, qui par leur nature agitent
to u te , la maffe de fes eatfic, ereufent fon
lit en certains endroits & en transportent
la matière en d’autres, où ellé' fe dépo-
fe & forme des Montagnes, qui n’ont plus
qu’ à être rnifes à fe c , pour être toutes fem-
blables à une grande partie des nôtres. Mais
il faut les mettre à fec ; & voilà ce que le mouvement
des Mers d’Orient en Occident ne fa u - '
roit opérer. Ce mouvement ne peut-être
qu’Horizontal: la Mer refte toujours dans le
même niveau, troublé feulement par les différences
du flux& reflux &r par les vagues. Mais,
ces différences ne font rien quant à notre objet.-'
& fi l’on n’a pas rçcours à quel qu’autre caufe,
les Montagnes formées au fond de la Mer y
relieront toute l’éternité.' En vain l’Ocean fe-5
roit - il mille & mille fois le tour de la Terre ;
c’ eft - à - dire , y promènerait - il fon lit ; il,
pourrait bien par là détruire & édifier tour-à-i
tour des Montagnes dans fon fein; mais il
n’en kifferait jamais à fec, une feule.
Je ne fais point entrer, ici comme un objet
d’attention çe qui arriverait, fi par.’ce mouvement,
l’Océan creufoit ou étendoit fon lit:
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