
fondé auffi fur notre ignorance, femble d’ abord
êcre fpécieux. „ J e v o is un des A u -
„ t o m a t e s de Vaucanfon , & je vois un
„ H om m e . Ces deux apparences different-el-
„ les pour m o i, autrement que par le degré?
„ L’H o m m e fait plus fans doute que ce tA u -
„ t o m a t e ; mais celui-ci fait déjà beaucoup
„ plus que ces autres A u t o m a t e s que l’on
„ montre aux énfans dans les rues pour qu el-
„ qaes fols. Vaucanfon en un m o t , a furpaffé
„ tous ceux q u i, avant lu i, faifoient des A u t o -
„ m a t fi s. Or connoiffons nous les bornes de
„ la Méchanique?Pouvons-nous affirmer, q u ’elle
„ ne fauroit arriver à faire l’H o mme ? L ’Hom-
„ m e lui - même eft. fans doute trop mince
„ Méchanicien pour cela : mais D i e u , ou la
„ N a t u r e , ne pouvoient-ils pas former une
„ telle Machine ? ”
' 11 ne me fera pas difficile dè Montrer , que ce
n’ eft pas là l’ état de la qneftion. Si l’ on parle
des H o m m e s , fi l’on ne confidère que le s
H o m m e s , il eft évident que l’on n’a que des
Phénomènes phyfiqueson mécbaniques : ce font
des formes, des couleurs, des mouvement, des
fons. A lo rs fans doute on peut fou ten lr , fans
crainte d’ une réfutation démonftrative, qu’ il n’y
a point d’impoflibilité évidente dans l’idée, quC
l’Homme pourroit bien être un A u t o m t e Ce
qui revient a d ir e , qu’ on ne fauroit démontrer
par leR a ifon n cm en t, (p a r c e qu’ on ne démontre
rien de pareil ni pour ni c o n t r e ) que
les phénomènes de cette Figure ne font pas explicables
par la Méchanique comme ceux de toute
autre. Mais eft-ce l à , d i s - j e , l’çtat de la
queftion? Je vais montrer que n o n , par un exemple
très analogue.
Il y a des A u t o m a t e s & des M a r i o n n
e t t e s . Quelqu’ u n , qui a v o it obfervé les
A u t o m a t e s de Vaucanfon leur mécha-
nisme in té r ieu r , ayant vu enfuite des M a -
b i o n n e t t e s ,fo u ten o it que c ’étoient aufli des
A u t o m a t e s . Ün autre fpedtateur n'écoit
pas de cette opinion fi! c ro yoit que la puifiance
delà Méchanique é toit fort au-deftbus de ce
qu’ il v o y o it exécuter à ces dernières Figures-,
8c que fans l'intervention de quelque chofe
d’étranger à elles, on n’expliqueroit jamais tout
ce qu’ on leur v o y o it faire. Sur quoi le Raifon-
nement & l’ Imagination s’ aiguifoient de part &
d’autre,à l’égard des pojjibles & des impofjibles,
& l’on n’é to it convenu de rien ; quand enfin on
fe préfenta par devant une Arbitre expert. Celui
ci , après avoir entendu les disputans, fo u -
r it , & les prenant parla main : „ V e n e z , ” leur
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