
qualité, foit parce qu’ elles font adoffées à des
terres, foit auffi parce qu’elles ont une grande
épaifleur. L ’humidité s’y étant filtrée lentement,
a enchaffé continuellement de nouvelles
particules entre les anciennes, & augmenté
ainfi.le nombre des adhérences: C’ eil donc une
pétrification réelle, femblable à celle de toutes
les autres pierres dont je pârle,
j ’ai remarqué dans le cours de mes obfer-
vations une multitude de preuves de cette formations
des pierres, par les divers degrés de
dureté & les autres circonftances où je les ai
rencontrées. Je connois, . par exemple, plu-
lieurs collines de fable en Piémont, qui ne font
pas encore pétrifiées elles-mêmes. mais où l’on
trouve beaucoup de bois pétrifié, & quantité de
coquilles qui renferment un noyau pierreux;
c’eft-à-dire, que le fable dont elles furent d’abord
remplies, a été converti en pierre. Ce
phénomène s’ explique fort aifément par les
principes que je viens d’établir. L ’humidite
qui filtre dans ces Collines, ne charrie qu’une
pouffière presque impalpable, & pour ainfi
dire difloute dans l’eau; de forte qu’ elle n’eft
point dépofée tant que l’eau trouve un paffage
aifé. E(lle p a ie donc dans le fable, & ne le
lie point. Mais lorsqu’elle pénètre dans les
canaux du bois, où entre fes fibres, ou dans
le fable que les- coquilles renferment, fa circulation
y devenant plus lente:, les particules
terreftres dont elle efi: ehargée ont le tems de
fe dépofer, de former entr’elles, & avec les
grains de fable ou les fibres du bois, une irifi-
nité de nouveaux contatfs\ c’eft-à-dire autant
de nbuvelles adhérences, qui enfin lient le tout
enfemble, & en font une pierre.
C’eil-ainfi que s’explique encore fort aifément
la formation des Grés, qui font une forte
particulière de pierre de fable. Dans certaî-'
lies Collines de fable abfolument mouvant, on
trouve en plus on moins grande quantité des
pierres de toutes fortes de figures, vifibicment
çompofe'es de ce même fable, & quelquefois
d’une dureté tre's-grande ; tellement qu’on eq.
fait des pierres à aiguifer, ou des meules de
moulin. Comment imaginer qu’un fuc iapidi-r
figue, qu’une fuhftance glutjneufe, foit venu
tôlier par place les grains de- fable, pour en
faire ces blocs? Pourquoi n’a-c’ellc pas collé
Je fable au travers duquel elle a pafie ?
Mais ce que n’explique point la pre'ten-
duë colle, s’explique parfaitement par le feut
retardement dé l’humidité, & par la multipliâ
t ion d,cs contaéts. Il fuffit que quelques