
, Trois grandes pièces, l’Europe & l’A fie , l’Afrique
, l’Amérique, forment presque toute la
Terre habitable; & chacune de ces pièces eft
un tout^continu, qui ne donne pas la moindre
idée de fradture. Car je le répète ; les crevas-
fes & les cavernes^ des Montagnes, rapportées
fur la grande Echelle du Globe, s’éclipfent à
notre vue; ce font les mines des fourmis fous
les Forts.
Jetions les yeux fur nos Mappe - Mondes ;
& les Rivières feules nous inftruiront. Elles
nous tracent fur le papier avec exactitude,
toutes les ftnuofttés de la Terre; & partout
çù il y aurait des cavités ou des crevaffes, il
y aurait des Lacs ou des Mers. Or combien
peu y a - t - i l de ces interruptions de continuité!
La Mer Çaspienne eft la feule grande
rnaffè d’eau renfermée dans les Terres; la
Mer Méditerrannée eft une continuation de
l’Océan, qui partage l’Ancien Monde en deux
grandes. parties , dans chacune desquelles,
fc trouve cette régularité fur laquelle je me
fonde.
. Les Rivières, d is - je , deffinateurs irrécufa-
blés, nom montrent partout une continuité
non interrompue de terrein. Du milieu des
Continens d’où elles partent, elles vont vers la
Mer dans tous les fens, fans presque jamais
s ’étendre pour former des Lacs; excepté dans
quelques-unes des grandes Vallées des Montagnes
d’où elles fortent, comme dans celles de
Ja Suifle. Je ne eonnois pas les grands Lacs
du Nord; mais leur forme fur la Carte me
montre au moins qu’ils ne font point formés
dans des crevajfesi ce font des cavités Amples
dont tous les contours font arrondis. Chaque
Lac eft un enfoncement local, qui n’a pas la
moindre apparence de tenir à quelque Syftème
général de révolution dans la partie du Continent
qui l'environne, bien moins encore dans
tout le Continent.
Les Rivières nous deffinent aufli les élévations
de la furfaee de la Terre; elles en font
le Nivellement général. Par tout où elles font
navigables, nous fommes allurés que la pente
gft très - douce. Une toile -de pente par
lieuë, eft plus que fufflfante, pour qu’une
Rivière coule, c’eft a peu: près la pente que
j’ai trouvée au Rhône du Pont du St. Efprit jusqu’à
la Mer; & partout où une Rivière elt navigable,
nous fommes , affinés que la pente
n’excéde pas de beaucoup deux Toiles par
lieue ; je n’ en ai pas trouvé autant au Rhône
depuis Lyon au Pont du St, Efprit s trajet dans le