
cherchent & foutiennent des paradoxes: de là
ces torrens d’Ouvrages éphémères, où tous les
penchans vicieux foiÿ flattés, où l’on attife la
légère dispofition du coeur humain à rire du
ridicule, jusqu’à lui faire fupporter le polémique,
le fcandale, la calomnie: de là ce ma-
gafin inépuifable de matières combuftibles, qui
embrafent les coeurs & enflamment toutes les
paiflons: de là enfin cette'multitude de Gens
de lettres, qui fouifrent par le befoin malgré
ces déplorables reflources, foit parce qu’ il n'ont
pas le talent de les employer, foit parce qu’il
ont trop d’honnêteté pour le faire.
Quiconque a étudié avec attention ce qui
fe pafle dans la Société à cet égard, fendra
peut-être mieux par cette face que par toute
autre, combien il eft intéreflant que l’Espèce
humaine augmente dàns un plus grand rapport,
à la Campagne, où tout eft préparé pour la
fubfiftance, que dans les Villes, où tous les
moyens de l’y faire arriver font artificiels.
Quand celles-ci auront acquis leur proportion
convenable à l’étendue de l’Espèce humaine;
c’eft-à-dire, quand des moyens de fubfiftance
feront offerts à tous leurs habitans, parce que
l’Humanité aura vraiment befoin d’eux ; mille ta-
lens, perdus pour elleàcaufe qu’ils font enfévelis
velis fous la mifère, s,’y développeront ; & chaque
efpèce de talent rencontrera mieux fa
[place.
L’incertitude de trouver, à placer fes enfans,
[qui naît -du peu de reflources des Villes en
■comparaifon de leur grandeur, force les Pères à
Hfonger de très bonne heure aux moyens de leur
«frayer une route : & c’eft trop tôt, car leurs ta-
■lens naturels ne font pas encore développés;
■& par là une multitude d’hommes fe trouvent
■hors de leur place. Si au contraire les reflour-
■ces étoient plusfûres; ce qui arriveroit quand
■il n’y auroit pas partout une concurrence défo-
■lante; on attendroit ces développemens ; & par
f tm e première éducation propre à tout, faite
■dans l’âge où presque rien ne s’ exerce encore
■chez les enfans que la Mémoire des mots, on
« r r iv e ro it avec fécurité à celui ou les talens
fe manifeffent ; fûr de pouvoir les diriger uti-
■lement ,• pour l’individu qui fera appellé à les
■exercer.-
■ Mais une Clafle plus fuivie de mes digreffions
■fur. l’objet du rapport des habitans de la Cam-
fipagne avec ceux des Villes, c’eft celle qui
• t ien t à la Peliiigue. Je veux dire que, regardant
i l ’abus trop fréquent de ce qu’on nomme la Poli-*
mfique, comme l’un des grands maux de la So*
Tome I. I. Partie♦ G