
préfomption à entrependre de refferrer fes tableaux
, fi je n’avois pas d’autre moyen de les
racourcir. Mais Mr. de Buffon y entremêle'
Tes réfutations propres; les plus fouvent très
folides, & toujours très-inge'nieufes, mais qui
cependant ne fe trouvent pas conformes à mon
plan. Lorsqu’un fyftème eft contraire à la Nature,
il eft bien rare qu’ il n’ait plufieurs côtés
faibles, &c que par conféquent il ne foit fuscep-
tible d’être attaqué de plus d’une manière.
C’eft le cas ^e ceux dont je parle. Et comme
je ne veux pas épuifer ces attaques ; mais Amplement
montrer à V. M. que ces fyftèmes ne
font pas folides, je le ferai par la voye qui me
conduira le plus direâement à ce qui me pa-
yoit le vrai noeud de la queftion.
Le Doéteur Burnet publia en i<58i , un Ouvrage
latin fous le Titre de Théorie Sacrée de îa Tèr-
re, dans lequel il femble n’ ayoir voulu ’expliquer
que le Déluge, fans s’embaraffer d’expliquer
par le Déluge l’état préfent de notre Globe,
quoique ce Titre le promette.
Il remonte pour cet effet jusqu’ au moment
de la Création, & définit le Cahos dont parle
Moyfe, une maffe fluide, compofée de manières
de toutes efpéçes & de toutes fojtes dç
figures, qu’il fépare enfuite de cette manière.
Les plus pefantes defcendirent vers, le centre,
& formèrent au milieu du Globe un corps dur
& folide, autour du quel les eaux fe raffam-
blèrent d’abord; puis ii fe forma fur l’eau un
autre .orbe de liqueurs, graffas, lequel s’imprégna
des particules de matières terrefires, qui »
d’abord flottantes dans l’air, fe précipitèrent
peu-àpeu, formèrent .un orbe terreftre com-
pofé d’huile, & de limon. Cet orbe fut la
première terre habitable, & le premier féjour
de l’homme. Sa furface fut uniforme, continué
, fans Montagnes & fans mers. Mais la
Terre ne . demeura qu’ environ feize fiécles
dans cet état; car la chaleur’ du folcii, deffé-
chant peu à peu la croûte limoneufe, la fit
fendre en mille endroits, & enfin ouvrir en
entier. Dans un inftant elle s’ écroula, & tomba
par morceaux dans l’abîme d’eau qu’elle
couvrôit. Ces maffes de terre entraînèrent une
grande quantité d’air dans leur chute ; ce qui
cèntribua à faire élever les eaux jusqu’à couvrir
la Terre. Ce'fût le. Déluge.-
Ces eaux s’ouvrirent enfuite peu - à - peu des
iffues dans les cavités' remplies d’air ; & à me-
fure qu’ elles les remplifloient, la furface de la
Terre fe déçouvroit dans les parties les plus