
gui s’expriment aifément dans le langage ordinaire.
Plus les fujets auront été discutés, plus ces
réflexions leur feront applicables ; parce que
très probablement ils auront produit un plus
grand nombre & une plus grande variété de
fyftêmes. Et en ce cas, tout homme qui vient
les traiter de nouveau, a contre lui le préjugé
des perfonnes qui ont pris parti, 8c meme de
celles qui ne font fans parti, que parce qu elles
favent la difficulté de prouver. Celles - ci ont
fouvent été trompées par l’efpérance de voit
clair; & tout appareil de démonftration les
rebute, comme preuve d’ ignorance, de pré-
fomption ou de charlatanerie. Ainfi les principes
& les faits (d u genre dont je parle) enchaînés
d’une manière didactique & ferrée, glis-
fent fur les uns & les autres, fans même forcer
leur attention.
Quiconqne encore comnoît bien fa matière,
gui a fenti fes vuides, qui fait qu’ il n’a pu les
remplir que par des hypothèfes, qui juge fai-
nement du degré de probabilité ou il eft parvenu
; répugné à la forme didactique 8c dogmatique.
Il n’a été perfuadé que par un enfem-
ble; il ne peut fe fentir de force à perfaader,
que par ce même enfemble, & en fuivant
toutes les routes où il a lui-même paflë.
Si ces confidérations générales font applica-
J Lies à la Phyjique & à la Morale, prifes féparé-
Iment; combien n’acquièrent - elles pas de force,
I pour les fujets où ces deux branches de la Philo-t
Ifophie font liées, foit par la nature de la chofe,
Ifoit dans le but de l’Auteur! Il peut avoir beioin
■dans la tractation du même fujet ,• de-parler à ■l
ia fois à l’efprit 8c au coeur : afin de prévenir la
Iconfufionde leurs argumens; d’empêcher que les
¡uns, non refutés ou prévenus, ne faifent obftacle
à l’effet des autres : Sc voilà principalement ce
qui m’ a déterminé. La liaifon du moral au
I phyfique a toujours fubfifté pour moi dans le
I fujet que je traite; 8c je ne ferois jamais venu
l à bout d’en expofer féparément les deux faces,
I [d’une manière qui me fatisfît. J’y ai réfléchi I bien fouvent, 8c la conféquence de mes ré- I flexions étoit toujours, de renvoyer l’exécu-
I tion de cet Ouvrage, jufqu’ à ce que je puffe
I trouver une forme naturelle, qui fit marcher
I l’enfemble de mon fujet, comme je l’avois moi-
l|même reçu par l’ étude de la Nature Se par
||ip?s réflexions.
Cette forme, fi longtems cherchée, s’ eft pré-
I potée d’elle - même c’eft celle de ces L e t -.
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