
pas foi-même. Alors donc on peut commettre
aifément l’une de ces deux fautes en Logique :
employer des Mots compofés, très différens dans
leur' origine, pour exprimer une même Idée
complexe y ou le même Mot eompofé, pour exprimer
des Idées complexes différentes. Lt de là
eft réfulté cet inconvénient-général; que celui
qui combine ¿es Mots, pour repréfenter la
liaifon de fes Idées, n’eft plus fûr de faire naître
celles-ci dans l’efprit des autres de la même
manière qu’ il les a eues, malgré leur intention
de le bien entendre : & la conféquéncé
naturelle de' ce manque de conformité entre les
Idées de ceux qui parlent & de ceux qui écoutent
, eft que ces derniers jugent très fouvent
toute autre chofe que ce qu’il falloit juger,
fans qu’on s’en apperçoive dé part ni d’autre.
Je n’ai pas de doute que ce ne foit là la four-
ce de la plupart des controverfcs qui s’élèvent
entre des perfonnes également éclairées, c’eft-à-
d ire ,;qui ont un nombre égal de données pour
former des Raifonnemens & des Jugemens. Car
je penfe qu’ on accufe les Hommes à tort, lorsqu’on
leur impute de réfifter à PEvidence. Il
arrive fans doute trop fouvent, qu’ ils ne veulent
pas convenir de ce qu’ils Tentent : mais
cela ne procède que de ce quils n’ont pas encore
core appçrçu 1 Evidence des grandes V é r i t é s
qui -doivent déterminer l’Homme à être vrai-
& ceft cette grande EviDEN^CE-là qu’ il faut
chercher à faire entendre à leur Efprit. Car jusqu’alors,
en vain leur préfentera-t-on des Evidences
particulières, tant qu’il ne leur conviendra pas
davouer quils les Tentent, ils ne l’avoueront pas.
C’eft là le fujet de tout mon fécond Discours.
Me fondant fur cette explication du Fait,
bien connu, de la difficulté qu’ont les Hommes
à s’entendre dans tout ce qui tient aux chofes
intelleétuelles, je ne crains point de reprendre
ici fous une nouvelle forme l’objet principal de
ce Discours, afin de tâcher de le rendre plus intelligible
à mes Lecteurs ; car je le crois important.
U n des moyens que j’ai employés pour établir
les Propofitions d’où découle la diftinâion
de l'Ame d’avec les O r g a n e s chez PHommb ,
a été de fixer le iens de Mots, devenus arbitrai-,
res par négligence: Mou dont quelques uns font
évidemment complexes, par leur compofuionî
& d’autres, quoique ftmples en apparence, expriment
réellement des Idées complexes.
Le premier & le principal de ces Mots, eft
celui de P u y s i q u e. Si nous le prenons dans
Tome L L Partie, QE