
phy ftques ; c’eft - à - dire, qu’ elle ne font pas
des objets de nos Sens. Ainfi par exemple, tout
ce qui tient au Mouvement eft pour nous, ce
que feroient les odeurs les faveurs les fons, pour
l’Etre qui manquerait des Sens par lesquels
nous en connoiffons les Caufes.
Eclairés par deux Sens de plus, que cet Etre
fuppofé qui n’auroit que F Ouïe le Gout & l’Odo-
rat, & parvenus ainfi à nous faire des idées nettes
des Fluides discrets & des Chocs (ce qui nous
ouvre une petite porte dans la Nature ^prétendrions
nous que cet Etre pourrait, à force de
conbinaifons, tirer de fes trois Sens ces mêmes
idées ; parce que nous, avec deux moyens de
plus, nous pouvons les déduire des objets de ces
trois Sens? Prenons y bien garde; fuyons rigides
dans les raifonnemens, pour ne pas faire
profiter cet Etre de ce que nous favons par des
moyens qu’ il n'auroit pas. Mais fi l'on pouvoit
me montrer, qu’il n’eft pas impoflible que par fa
feule Intelligence il eût paflé, de ce peu d’idées
premières, à la découverte des Loix du Mouvement
& des Chocs, à l’exiftence d’un Corps
en lui, à des Fluides élafliques au dehors; je
dirais de même, que nous ne favons pas jus.
qu’où l’ Intelligence, aidée des cinq Sens, pourra
encore mener les hommes dans la coanoiflance
de l'Univers: & j’en tirerais au moins cette
première conféquence; . que plus on fera deche-
min de cette manière, plus on fe dégoûtera
d’avoir recours, à des hypothèfes gratuites,
comme eft celle des Qualités.
VIntelligence ne peut çonnoître F Univers, qu’à
proportion des intermédiaires qui le lui rendent
perceptible. Notre Etre à § Sens ne conr.oî-
troit que lui; & il faudrait lui fuppofer un prodigieux
pouvoir de çomblnaifon, pour qu’il
vînt à foupçonner feulement, que quelque chofe
eft hors de lui qui affeéte fes Sens; rien
furtout ne pourrait le faire pafîer aux Globes qui
roulent autour de nous dans l’Efpace, dont nous
recevons les influences, & qui, mieux que toute autre
objet, nous inftruifent fur le Mouvement & fes
Loix. Notre faculté il eft vrai, eft augmentée de
deux Sm-f .-mais peut-être en faudrait-il mille,
pour çonnoître F Univers entier & fes Loix générales
: quand nous prétendons le çonnoître,
tels que nous fommes, il me femblevoir F Etre
à3 Sens,s’ imaginer qu’ il a tout embrafle comparativement
à un Etre qui n’auroit qu’un Sens.
L’UniverS'-peut donc être incomparablement
plus hârmonifant, plus beau, plus raviilant,
que l’Erre aux 5 Sens ne l’apperçoit; & il montre
la préfomption la plus ridicule aux yeux dç
O A S