
Les Faits ne fe confiaient pas par des géné-
ralite's; ce font les détails qui les établificnt.
Puis donc que mes idées générales tenoient a la
vérité de ce Fait, j’ai, dû faifir toutes les occa-
fions de montrer, que les habitans de là Campagne
font heureux. C’eft dans cette Claïïe de
digreiïïohs que fe rencontre une partie des cno»
fes triviales, des obferva rions de'tous les jours,
dont j’ài fait l’aveu dès l’entrée. 5 Mais c’eft de
leur trivialité même que doit réfulter ma preuve
; ainfi cette confédération ne m’a pas arrêté.
Mon premier but, en traitant cette matière»
a été d’intérefler plus fortement les Etats à augmenter
le nombre des habitans de la Campagne,
par préférence à ceux des Villes. Mais ce n’é-
toit pas mon unique but ; & mes réflexions font
adreflees au pilus grand nombre de mes Lecteurs*
à tous mêmes, puisque tous .veulent être heur
e u x . . , . “ Quoi donc! Faut-il qu’ils aillent tous
„ à la Campagne? ----- Non. Mais.il faut qu’ils
en étudient les habitans ; ils y- trouveront beaucoup
à gagner.
Quand R o u s s e a u publiafon Emile, il pro-
duifit une grande fermentation dans les efprits
fur l’important objet de l’Education', & , comme
il devoit s’y attendre, il eut d’ardens admirateurs
jD r s couR S IV. d e l a T E R R I . 81
Jteurs & d’ardens critiques. Ces derniers'trouvèrent
que fon Ouvrage étoit un Roman, au-
Étant pour le fond que pour la forme. “ Quel
l , cas nous préfence-t-on? ” dirent-ils ; “ un
cas qui n’ exiftera pas entre cent mille! Tou-
I , tes les perfections naturelles dans un Elève;
1 , tous les moyens de l’ifoler de la Société ! Il
1 , faudrait' donc toujours un homme entier pour
1 , élever un autre homme; & la Société feroit
1 , partagée en deux feules claffes, les Elèves &
1 , les Inftituteurs. Quel rêve ! ”
[ R o u s s e a u ne ¡répondit rien; il favoitbien
æue la réflexion le juftifieroit. C’ eft un problê-
Ine trop compliqué, que celui de VEducation,
pour comporter une folution générale ; & c’eft
pour l’avoir toujours tentée, qu’ on a fait tant
»’Ouvragesinutiles. R o u s s e a u , qui n’étoit
pas capable d’écrire pour écrire ; ni de s’embarquer
comme d’autres fur une Mer fans bords,
feiîerra fon objet, afin de-pouvoir développer
des principes. II clioifit donc le cas le plus favorable
; & fous cette forme il expofa des élé-
Inens, qui feront à toujours les grandes bafes
de l’Education, Il ne dit point, c’eft ainfi feule~
ment qu’ tl faut élever les hommes ; il connoiifoit
|rop le Monde: mais il éleva fon Emile-, & il
|aiiîa à chaque Inftituteur capable de réfléchir,
[ Tomi I, I , Partie. F