
„ cupa les lieux les plus bas. Tel fut le mon-
„ de avant le Déluge.
„ Cet état dura quelque tems, avec quelques
,, révolutions particulières de peu d’ importan-
„ ce. Mais au moment du Déluge, il s’en fit
,, une très grande, qui changea encore totale-
„ ment la face du Globe. Les parties les plus
,, élevées de l'ancien monde s’enfoncèrent tout-
„ à-coup dans des Cavernes pleines d’eau,
„ qui fe dégorgeant -par là fur la Terre y la cou-
„ vrit une fécondé fois totalement. Le Déluge
„ fut ainfi Univerfel.
„ Les Cavernes enfin aidèrent pour la der-
,, nière fois à façonner le Monde. Il s’en
„ ouvrit de nouvelles qui étoient reftées vuides
„ d’eau; elles en furent alors remplies; & les
„ parties qui reftoient les plus élevées àj la
„ furface de la Terre furent de nouveau mifes
„ à fec
Voilà, M a d a m e , tout le fyftème de Leib-
N i t z , que j’ai crû pouvoir annoncer à V,
M. comme fort ingénieux- On y voit clairement
l a . raifon de cette première hypothèfe
que la Terre fu t d’abord une maffe en fujton.
Dans fon réfroidiffement il s’y fit des Cavernes. Et
fi nous n’avions qu’à enfèvelir des corps marins
dans les Montagnes, à couvrir la Terre d’eau
une fécondé fois , & à la découvrir enfuite,
(conditions fans doute capitales dans la Théorie
de la Terre & l’explication du Déluge) on
ne fauroit ce me femble, refufer à cette Hypothèfe
le mérite d’y fatisfaire bien fimplement.
L e i b n i t z n’ avoit que ces deux chofes en
Vue; il travaillait dans le Cabinet, & il par-
venoit par fon génie à expliquer très bien ce
qu’il voulait expliquer. S’ il eût mieux connu
les faits, nous ne chercherions peut-être plus
les: caufes du Déluge, ni de l’état aétuel de la
furface de notre Globe.
Leibnitz ignoroit, par exemple, que les lieux
où fe trouvent les 'coquillages fojfiles nous prouvent
évidemment, que tandis qu’ ils fc déper-
foient au fond des Mers, il y avôit des Terres
à fec, où les végétaux croiffoient, & où les
animaux terrejlres vivoient, comme ils le font
aujourd’hui.
C’efi: ici une nouvelle circonftance bien in-
téreflante , que je dois avoir l’honneur de faire
connoitre à V. M. J’ai préféré de renvoyer
ainfi toutes celles qui font eifentiellcs jusqu’au
moment oû elles deviennent décifives fur quelque
point, afin de les rendre plus frappante^*
J’aurois pû les raflembler d’abord dans une
description générale de la furface 4 e la Terçe
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