
I’H o m m e Incapable d’y remonter feul; & je
croirois que c’eft le cas de quelques Sauvages,
q u i, probablement, fe trouvent encore tels
qu’ ils font depuis bien des fiècles, & qui ne
font aucun progrès. Ils ne remontent donc
point fculs; il faut que des Hommes êduquès
les aident. Mais alors ces mêmes Hommes
bruts, reçoivent Y*Education: & ce qui eft bien
remarquable ; c’eft qu’ il faut pour cela qu’ ils reçoivent
un Langage analogue aux Notions
qu’on veut leur communiquer; le leur eft
ii pauvre, qu’ on n’ y trouve point de reffources.
S’ il ne reçoivent un Langage que d’Hommes
qui ont befoin d’eux pour cultiver & broyer des
Cannes de Sucre; il n’agrandit pas beaucoup
.iàns doute la Sphère des Objets de leur Entendement:
mais s’il leur étoit enfeigne' par des
Philofophes , qui leurs transmiffent ainfi les
Notions primitives, il y a peu de doute qu’ils
ne fiflent enfuite par eux-mêmes tous les
progrès que nous avons faits & ceux qui nous
relient à faire.
Je ne veux pas pouffer plus loin l’examen de
dette queftion fous la fimple' forme de rai-
fonnement: mais j’y reviendrai quant à la question
de Fait; lors qu’après avoir raffemblé
tout ce que l’Hiftoire naturelle, ferupuleufcment
fuivie, nous dit de notre Globe, je viendrai
à montrer ; „ qu’elle attelle en même tems
„ la vérité de ce que nous dit Mo y s b de la
„ première partie de l’Hiftoire de notre Globe,
„ & d« celle des Hommes Ce fera alors j’efpè-
re un exemple, de ce que j ’ai dit ci-deffus;
„ que prouver une chofe qui fe préfente déjà
„ comme Fait affirmé ou nié; c’ eft trouver que
„ ce Fait eft dans la nature des chofes; que
„ rien ne le contredit; & que parconféquent
„ il n’y a nulle raifon de douter de la vérité
„ des témoignages ou des traditions qui l’éta-
„ bliffent ” Je n’aurai pas inventé l’Hiltoire
des premiers Ages du Globe; je ne l’aurai pas,
trouvée par la force de mon Entendement ; mais
j’aurai montrée, „ que la Nature, attelle l’Hiftoi-
„ re que nous en donne le premier des ^Ecri-
„ vains facrês. ”
Quant à préfent, je me contente d'avoir réveillé
l’attention de mes Lecteurs fur beaucoup
de chofes folides qui ont été dites à l’égard
d’une ;Education primitive de I’Ho û ïme ; & ei*
général d’ engager par là les Philofophes à examiner;
fi tout ce que la Philofophie a eu
d'obfcurités rebutantes n’ell point venu, de
ce qu’on s’ obftinoit à chercher dans la fphère
^es ebofes fenjtblts les Caufes primitives de.