
12ÜÎ H I S T O I R E I. Partie.
mène pbyjique. C’eft ce que j ’examinerai.
Mais ici je veux feulement pefer fon explication
de l’indifférence, & la comparer aux Phénomènes.
„ l ’H om m e ; ” d i t - i l , avec tous
les Matérialises # „ n’ eft compatiflant, que
„ parce qu’il a fenti la douleur , & qu’il s'en
„ fouvient. Quand il la voit chez d’vautreS';
„ elle réveille au dedans de lui Une fenfation pè-
„ nible ; il s’ en délivre en foulagëant lé màl-
„ heureux, par la même impultion qui fait
„ qu’on s’ ôte une épine du pied. Il ne fait de
„m êm e du bien, que parce qu’il a fenti le
,, iplaifir. En procurer à d’ autres, réveillé chez
„ lui cetteTenfation, & il fe la procure par
„ cette vo y e, comme par toute autre.”
C’eft déjà un bien bel Etre, que celui èn
qui les réminiscences feules, produifent de fi
beaux effets ! on ne trouve pas cela chez les
Animaux. Mais d’où vient qu’on jouit doublement,
en cédant fes jouiffances à d’autres? D’ou
vient jou it-on quelquefois davantage, en le
faifant à leur in fu , & à l’ infu de tout
l’Univers ? L’ idée abftraite de l’Homme heureux
remue l’ame : on veut même que l’Etre imaginaire
qui s’eft emparé de l’attention dans un
Roman foit heureux. Ce n’ eft pas un fimple
tableau de bonheur que nous y cherchons, afin
D i s c o u r s VII. d e l a T E R R I , iâ?
1 d’exciter chez nous de douces réminiscences,
j il n’y a point là de ce f mélangé d’ âmôur pro-
Ip re auquel on pourroit attribuer le motif de
■faire du bien: l’Etre aufli imaginaire', qui a
■procuré ce bonheur, produit chez nous le fen-
Jtiment !de l’affeâion, qui eft la première des jouiffances. Le coeur fe dilate, on verfe des larmes
délicieufes , à l’idée de ,l’Etre qui fait des.
heureux. L ’enfant n’en,verfe - pas moins que
■l’homme qui a contracté des habitudes en pas-
■fant au travers du Monde; & quand celui-ci,
■aie cerveau presque deffêché par l’âge, & qu’il
■ i
■ ¡ne pleure plus pour, la douleur, s’ il lui refte,
■ Quelques larmes douces, elles coulent encore
| pour la bienfaifance.
Je dis, qu’un tel Etre fu t fait B o n .
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