
„ paflibilité qu’ils raifonnent jufte en contera-
plant l’Univers, & chez beaucoup d’autres la
„ bonté feule de l’Homme, aujourd’hui bien con-
„ trebalance'e dans le grand Monde.
„ Il eft vrai que vous avez droit d’exiger de
„ nous, qu’à notre tour nous ne vous perfécu-
„ tions pas. Mais fi on le fait encore quelque-
„ fo is , n’ y a-t-il pas de votre fautet Pourquoi
»> recourez-vous à des argumens qui ne faû-
ti roient avoir de force pour nous? Vous von?
„ lez nous rendre indiife'rens pour ce que nous
„ préférons à tout; vous le tournez même en
n» ridicule, Ne voyez-vous pas, que c’eft exciter
„ le coeur contre vous? Que n’employez-vous
„ des armes plus fûres, auxquelles du moins nous
„ ne pourrions réfifter fans honte ! Ouvrez ces
,, Livres que nous croyons faints : & fans rai-
,, fonner avec nous, prononcez la condamna-
,, tion des perféeuteurs, par ces fanétions que
„ nous révérons ! Si un Turc violoit envers moi
„ des devoirs que lui prescrit fa L o i, je leur op-
poferois VAlcoran. ”
Et les fe£tes Chrétiennes elles-mêmes, avoieqt
elles befoin, pour ccfler de le perfécutér, d’écouter
d’autre voix que celle de l’Evangile? Falloit-jl
que ce fût l’indifférence , qui vînt éteindre ces
Feux anti-chretiens l II faudrait donc aufii, pour
de haïr, quelques hommes, apprendre à
n’en plus aimer. Mais l’indifférence eft la mort
de l’Ame; & l’ indifférence pour la Religion,fq-
roit le tombeau du bonheur pour la plupart des
individus.
On remédieroit donc à un mal , par un mal
beaucoup plus grand, fi l’on produifoit cette indifférence.’
Mais n’y a-t-il point d ’autre remède?
ne peut-on être attaché à la Religion, fans
perfécuter ceux qui penfent différemment de foi ?
Combien 11e l’a-t-on pas déjà oubliée, lorsqu’ on
s’en forme une idée fi barbare ! Si on l’aimoit
en la profeffant, fi l’on s’ en occupoit comme
des préceptes du Monde, elle n’auroit pas bp-
foin de fecours étranger pour rendre l’Homme
tolérant. Je vais montrer du moins, où j’ai
puifé, les principes de la tolérance que j’ai toujours
eu intention d’exercer envers ceux qui ne
penfoient pas comme moi, même fur les objets'
les plus capitaux.
„ Quand j’aurois le don de Prophétie, ’’ difoit
St. Paul aux Chrétiens de Corinthe ; ” quand
,, je fauroistous lesMyftères; . . . . quand j’au-
„ rois même de la Foy juSqu’à transporter les.
„ Montagnes; fi je n’ai pas la C h a r i t é , je
,, ne fuis rien > . . . La C h a r i t é eft patien-
„ te, elle eft douce . . . elle n’ eft point vai-
j? ne ni info.lente . . . . elle ne cherche poiqt