
Déluge univerfel, nous pouvons concevoir que
notre Globe a fubi quelqu’autre révolution*
qui , avant cette époque, auroit déjà produit
le phénomène qu f nous occupe ; nous ne ferions
donc pas fondés à rejetter un fyftème,
par cela feulement qu’il n’expliquerùit pas en
même tems le Déluge. Nous ne devons pas
même fermer l’oreille aux fyftèmes dans les
quels on prétendroit, qu’en expliquant notre
phénomène d’une manière évidente, il en re-
fulte la non exiftence du Déluge. Quand on
s’ occupe d’un objet avec intention de le bien
eonnoitre, il faut tout examiner. -
Voilà, je le prévois, de la matière pour bien
des Lettres ; quoique je me propofe d’écarter
tous les détails inutiles i & de m’en tenir à des
objets généraux,-en claiTant, autant qu’il fe
pourra, les divers fyftèmes, ainfi que les phénomènes
avec lesquels ils doivent s’accorde?.
Ce n’ eft point prévenir le jugement | p V.
M ., que de Lui dire d’avance, qu’aucun de
ees fyftèmes n’eft appuyé fur la Nature ; mais
que j’efpère de Lui en préfenter un, auquel la
Nature même femble conduire, & qui en même
tems explique très-*bien le Déluge. Rien
fans doute ne fauroit être reçu plus favorablement
jde V. M.» puisqu’EUc chérit Ia Réligion,
qu’un
qu’un tel fyftème tend à défendre. Mais Elle
eft accoutumée à ne pas croire uniquemetit
parcequ’Elle fouhaite. Aufïi vais-je, moi-même
oublir le plaifir que j’éprouve lorsque j’arrive
à cette conféquence, pour n’ écouter que la
Nature. Èt é’eft même de cette marche feule ,
.que peuvent naitre Ies pláiíírs dé ce genre. On
ne fé fait pas long temps illufîon à foi-même 1¡
fi l’on n’ a point à chaque pas,- le feritimerit
qu’on s’appuie fur la Nature, on ne marche'
qu’en treihblant; 8c lorsqu’on vient à articuler
une conéluiion, bien loin e’e'proüver ce douX
plaifir que procure uñe dèdouvèrté intéreffart-
te quand on ne fait jouir fes femblábles, il
fadt s’q'iourdir foi-même pour ne pas fe dé-
fapprouver.
Je le répété; nous Chrétiens, nous n’ avons
pas befoin, pour croire le Déluge, de favofr
comment il s’ eft opéré ; il nous fuffit qu’on ne
prouve pas qu’ il eft impoffible & l’on eft bien
loin de le faire. Ce n’ eft pas non plus pour
nous-mêmes, que nôüs délirons de ramener
les Incrédules ; li Ce n’ eft. par la fatisfaètion
que nous fait éprouver le bonheur de nos feiri-
blabîes ; & ce motif, quoiqu’un des plus puis-
fins dans les âmes fenfibles, n’eft pas de Ceux
qui nous portent à l’illufion : il faut premières
ÍÜ P a r f i t f y