
pû lui nier cette conféquence. Mais quand
furent-elles molles? Comment fe font-elles
durcies? La difficulté' reftoit toute entière; Peau
n’ ammoliit pas naturellement les pierres *, & il
ne voyoit que le moment même du Déluge
pour y loger les corps marins. Il fait donc
intervenir la volonté' de Dieu, pour l’explication
de ce phénomène particulier. ,, Dieu,
,, dit-il, fuspendit l’aétion de la caufe, par la-
„ quelle les parties des corps terreltres font
,, liées entr’clles pour former des folides. Par
f, là tout ce qui tient au genre minéral fut
„ dilTout, parceque dans ces corps là , les par-
,, ties ne tiennent les unes aux autres que par
,, cette force de cohêfion. Mais le genre ani-
„ mal & le genre végétal furent eonfervés-,
„ parce que leur eompofition eft toute diffé-
„ rente ; elle confifte en des fibres diverfement
,, combinées, qui fe foutiennent par leur en-
,, trelacement.”
W'oodward montrait ainfi, qu’ il ne connois-
foit de la phyfique, que ce que l’on en apprend
groifièrement par les yeux du corps. Je brife
du marbre, & je.le réduis en une poudre qili
lie manifefte aucune trace d’organifation :
Je ne puis brifer ainfi un morceau de bois;
tous les efforts du marteau n’en feront que de'
la filaffe: voila comment il a du raifonner.
Mais fans compter que l’on brife une coquille,
qui eft du genre animal, tout comme l’on brife
du marbre; & qu’ au cpntraire on réduit l’or,
qui eft du genre minéral, à des fils . anfli fins
que la plûpart des fibres animales ou végétales ;
çe n’eft pas ainfi que l’oeil de l’entendement
doit voir la eompofition-des corps. Qu’eft-ce
en effet qu’une fibre ; fi ce n’eft un corps déjà
formé de parties réunies entr’elles par cette
même force, de cohéfion, & dont la eompofition
intime ne diffère de celle d’un fil d’ or, qu’ en
ce que la Nature a fait la prémière, &; que
celui-ci eft le produit de l’art?
j V. M. voit bien que quand on voudrait
compofer encore les fibres perceptibles, d’autres
parties fibreufes de plus en plus petites,
ce ferait toujours, & jusqu’ à la plus reculée
fubdivifion, de nouvelles fibres; c’ eft-à-dire de
petits fils, dont on ferait tout auffi embar-
raflè de favoir par quelle : caufe l’un des bouts
tient à l’autre , qti’on l’eft d’expliquer comment
les parties d’un fil d’or fe tiennent entr’ elles.
On appelle Cobêfion cette adhérence des -parties
de,la matière, qui .forme les folides; & qui par
conféquent lie entr’elles les particules des fibres
animales & végétales le? plus déliées, tout