
6 $ j j j s o i R E I. P a r t is .
Fabondance, & font naître des hommes. On
peut quelquefois contribuer ࣠de'terminer le lieu
où ils fe placent ; mais cela efl étranger à mon
objet: il naîtra en un mot quelque part des Citadins.
Mais cet emploi du terrein ne fera point oeco-
nomique, même pour le nombre des hommes-
Les Cultivateurs ne portant leur attention que
fur ce qui produira de l’argent, négligeront la
petite -culture, les petits foins autour d’eux.
La Charue fera l’inflrument principal ; elle ouvrira
la terre au loin, pour lui faire produire du
bled; & le Champ reliera en jachère chaque
fécondé anne'e. Les familles cultivatrices cependant
, auront d’autant plus befoin de bled
elles-mêmes, qu’elles produiront moins de menues
denrées ;& ce ne fera que l’ excèdantde ce
bled, qui fera porté dans les Villes. On fera
en un mot de ces grandes Plaines à grain, fur
lesquelles je ne jette jamais les yeuX, fans réfléchir
fur la perte qu’y fait l’Humanité.
, Les habitans de la Campagne augmenteront
peu, dans cet arrangement des chofes ; & fûre-
ment ils feront moins heureux. L’efprit d’intérêt
les faifira; & par de plus grandes connexions avec
les Villes, ils en contracteront tous les autres
vices. Leurs polfeflions auffi* deviendront plus
DlSCÔÜRS III. DE LA T L R R E.
tentatives pour les gens qui calculent. Des terres
à grain, donnent aux habitans des Villes
l'intérêt de leur argent: & comme les Cultivateurs
aimeront l'argent, ils feront biéntôtdé-
poiTéde's. PIufieurs alors quitteront la Campagne;
& ceux qui y,relieront, de même-que ceux
qui y naîtront enfuite, ne feront plus en grande
partie que des journaiiliers, affervis à de riches
fermiers en petit nombre.'r L ’’inégalité naîtra
donc aulfi parmi eux comme parmi les Citadins.
L ’autre route demande plus de tems, de patience,
d’habileté: mais quelle différence pour
l'effet! Qu’on ne permette pas aux Colons actuels
de s’ agrandir, en cultivant eux- mêmes
plus qu’ils n’ont eu befoin pour leur fubflance
aifée ; mais ; qu’on encourage, qu’on favorife,
qu’on détermine, l’ établiffement de ’ leurs en-
fans, ou de nouveaux Colons femblables à eux.
Qn verra naître peu à peu de nouvelles Colonies,
qui, comme les anciennes, chercheront
principalement à vivre elles - mêmes, par tous
les petits moyens que le befoin .& l’induflrie
ajoutent aux moyens généraux, quand l’Homme
n’a, précifément que le terrein dont il a befoin
pour fubfifler commodément. On aura par là une
augmentation d’hommes, comme par la première
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