
eu la fatisfaftion d’apprendre, que dans celui
de ces Pays qui m’avoit paru manquer de prudence,
plufieurs pcrfonnes étoientde mon avis;
que je fortificrois beaucoup fi je les nommois.
J’ai continué à recueillir des exemples fur
înon chemin, & à faire des réflexions fur le
Commerce & les Manufactures quand l’occa-
fion s’en eft préfentée. Peut-être cela contribue
ra- t - i l à confoler quelques Etats qui fe
croyent mal partagés > & les fera-t-il renoncer
à de fâcheux. efforts. Mais je deflre furtout,
que ceux qui ont encore à finir leur population
, oublient ce but, & fongent ,à peupler
leurs terreins incultes, d’habitans qui y relient.
Leurs Villes par là fe perfectionneront. Les
Artiftes & Commerç'ans fe relèveront de cet
état précaire que produit leur trop grand nombre;
& s’il devient néceffaire qu’ il s’agrandiffc,
cela fe fera de foi-même, on n’a pas befoiii
d’Jy fongoer. , "
Quand à là Claffe d’habitans des Villes qui
s’occupent des Sciences d’une manière utile à'
la Société ; comme c’efi: le génie qui la produit,
elle va de même fon train naturel, fans qu’on y
fonge; car le génie fait aulfi les vrais Mécènes.
Il faut bien encore fans doute des occupations
& des amufemens de l’efprit, pour
ceux qui n’ont autre chôfe à faire qu’ à pajjer
U terris; & à cet égard la Société doit beaucoup,
à ceux qui remplifiènt falütairement cette
fonftion intéreffante. Mais on voit aulfi,
par la nature même de l’enfemble de cette
Claffe, qu’elle n’exige pasM’agrandiffement ni
la multiplication des Villes, quand même la
population de la Campagne augmenterait beaucoup.
Je le répète, c’eft le génie, aidé du
Bbefoin réel de la- Société , qui produit cette
Claffe , dans la partie vraiment utile. Mais
loin qu’on doive agrandir ou multiplier les Villes
pour elle.; c’eft-à-dire pour augmenter fon
utilité ; c’eft ce but qui me fait fouhaiter leur diminution.
Cette Claffe d’abord, s’augmente
monftrueufement, par l’excès de la Claffe générale
qui doit chercher fa fubfiftance dans les
talens ou le genie. De là ces foules de compilations
indigeftes, ces éternelles répétitions des
mêmes chofes fous d’autres formes, & ces tas
d’idées peu réfléchies, qui forcent la jeuneffe
>à marcher fans ceffe dans des taillis épineux
fur la route des fciences ; de là cette multitude
de plumes mercenaires, qu’on achète réellement,
ou qui cherchent à fe faire acheter:' de
là cette foule de gens, qui ,ne pouvant fe distinguer
dans la route fage des découvertes',