
Caufe; car par ce moyen, l’Homme jouit de
tout l’Univers. Mais entre ces chofes, dont
la plupart font plus ou moins paffagères, il en
eft une toujours préfente, toujours aétive;
c’ eft le bien de fes femblables, & même de
tout Etre fenfible, chacun fuivant leur degré
d’ importance à fes yeux. L ’Homme ne corn*
mence pas plutôt à connoître ce qui fait plaifir
ou peine aux autres hommes , & même aux
animaux, qu’ il en eft lui-même affeété; &
que pour leur procurer ces plaifirs, ou leur
épargner ces peines, il fe porte à des facrifices
de ce qui l’affeéteroit plus immédiatement. Il
pouvoit jouir lui-même de l’objet; il préfère
d’en voir jouir un autre au même degré, & fa
jouiffance en eft augmentée.
Quelle belle Fin, fi elle eft vraie ? Des Etres
qui défirent avant tout leur propre bonheur ; qui
font fans ceife aétifs pour l’ obtenir; qui par là
pourroient fe croifer tellement dans leurs vues,
qu’ ils détruiroient le borFeur lès uns des autres;
en cherchent une très grande partie à
faire leur bonheur mutuel!.... Je tombe profter-
né devant la CAUSE de l’Univers.... „ Sou-
„ veraine B o n t é ! Source de la bonté de
,, l ’H o m m e ! . . . . Qu’ajouterois - je ? TU con-
„ nois ce que je fpns pour TQ I ! ”. . . . ,, Tu la
„ connois aujourd’hui Hàvêtïus, cette CAUSE,
, que ton efprit, avide de fubtilités, t’empé-?
choit d’apperceyoir! Je me réjouis du chan-
}i gement qu’à dû produire chez toi' cette con-
ft noiffance. Je me garde bien de dire, que ce
„ changement ne fauroit être pour toi un bon-
„ heur : je fuis trop ignorant pour juger les
„ hommes” .
Quel trifte coup-d’oeil doivent jctter fur le
Monde, ceux qui décompofent fi mal les actions
des hommes ! Mais furtout, quel effet
doit - on attendre de leurs règles de Morale »
[puisqu’ ils en connoifiènt fi peu le fondement!
? On conçoit aifément quels écarts on feroit
dans la Phyfique fpéculative, (dont je puis ti-
j rer des comparaifons, après m’être expliqué
fur leur nature ) f i , prenant par exemple, des
rotation, des vibrations, pour des mouvemens
j fimples, on entreprenoit de pouffer les rechcr-
; çhes plus avant dans la Nature d’après de tels
I principes? Or comme la décompofition du mouvement,
a été le premier flambeau qui nous ait
écl.iré dans la Phyfique ; de même la décompofition
des aâions des hommes, eft celui qui
nous éclaire le premier dans la Morale. Quiconque
ne démêle pas la bonté dans ces aâions,
manque le prineipe, ôç s’égare dans les confé