
plus fortement à cette idée très natu relle;,, qu’il
„ y a des rapports , inconnus par leurs Caufes,
„ mais connus par leurs Effets, entre I’E t r e
„ qui penfe & fent en nous, & les O r g a n e s
qui lui font joints v. E t dès lors je n’ai plus de
difficulté k admettre cette diftinétion de deux
S u b st a n c e s , qui me fait comprendre I’Hom-
m e au degré o ù je comprens tout le refte de
PU n i v e r s. Ce degré eft très foible fans doute ;
mais j’ aime mieux favoir p e u , & fentir de la
con fian ce , que de penfer favoir beaucoup, &
n e trouver partout que chimère quand-je viens
à approfondir.
De ces remarques générales, naît une reflexion
particulière qui devient très importante dans
notre fujet : c’eft que plufieurs de ceux qui croyent
aux deux S u b s t a n c e s diftinétes chez l’Homme,
ont exercé fans nécefiité leur Imagination,
à trouver quelque moyen matériel, par lequel
I’Ame puiffe conferver les impreffions qui lui font
venues des S e n s (quelque chofe d’intermédiaire
un Magafin quelconque de fes Idées). Car d'abord,
& en général, fi I’A m e eft modifiée de
quelque manière, & à l’aide de quelque intermède
que ce fo it, par l’adion des S e n s ; pourquoi ne
pourroit-elle pas conferver Elle-même ces modifications?
Pourquoi même a-t-elle befoin d’ intermède
diftind, entre les Se ns Se El l e ?
Voit-on plus clair dans le paffage, de Fimpres-
fion mêchaniqm à la perception, ou de la confervq-
tion de cette imprejjîon à \a Mémoire,pat le moyen
d’un intermède ; des qu’on n’explique pas mieux
fes rapports avec l’Etre qui fent, qu’on ne peut le
faire de cet Erre immédiatement ayec les Objets?
Si l’on veut feulement admettre ( ce que je
trouve admiflible au plus haut degré); ,, que
„ la S u B s ta N C E qui penfe & qui fent, fans
„être du reffort de la Phyfique, a néantmoins
„des Propriétés communes avec les Orga-
„ n e s ; ” ne devient-il pas très aifé à conce-
| voir, que c’ eft en E l l e que fe forment les
Idées?.
Il y a bien de la différence, entre ce qui eft
> inexplicable dans fa manière d’être, parce qu’il
nous manque évidemment des moyens d’en être
; informé, mais que nous connoiiions certainement
par des effets; & ce qui eft inintelligible
de toute manière, quoiqu’on penfe le faire entendre.,
L ’ idée que je viens d’exprimer me
paroît être clairement dans le premier cas; &
je range dans le dernier, celle des Spiritualités
qui ne laiffent rien opérer à I’A m e , tout comme
celle des Matérialijles qui n’admettent point
d'AjviÈ. La perception eft fi loin de tout ce qu’on