
Je reprends maintenant la fuite dé mon fu~
jet général, & pour cet effet je répéterai ici-;
que ce font les ide'ès des anciens Spiritualiftes,
qui ont hérifië ce fujet de difficultés; en faifant
naître mille attaques de la pârt des Matéridliftes,
qui toutes, comme je Pai déjà dit, ne font que
des argumens ad hominem, & que parconfé-
quent je n’ai nul befoin de fuivre dans leurs détails.
Craignant toujours de faire participer
Y Ame à la Matière par quelque fecret lien, &
de compromettre par là fa nature évidemment
diftinéte, ces Spiritualiftes ont chargé de tant détails
inintelligibles leurs définitions de I’E s p r i t ,
& l’ont tellement dépouillé de tout rapport pos-
fible avec la M a t i è r e , qu’on ne peut plus fe
fe faire aucune idée de Y Etre qu’ils fuppofent,
& que fa liaifon avec le Corps devient une con-
tradidtion. C’eft ainfi que la Peur outrepaffe
toujours les limites des précautions, & fe jette
par là dans des dangers qui n’euffent point
exifté fans elle. Si ces Philofophes euffent attendu
de pied ferme les Matérialiftes ' fur les limites
des connoiffances humaines, & que lorsqu’ils
auroient voulu paffer au delà, ils leur eus-
fent demandé leur Paffe-port, ils les auroient infailliblement
arrêtés. Car tout homme droit, eft
frappé d’une queftion péremptoire ; & fi l’Argumentateur
n’a pas de l’ honnêteté, on le dévoile
bientôt. Mais ils ont donné l’exemple de pas-
fer les limites; ils font fortis de leurs lignes, &
le combat eft devenu douteux- Je ne fais fi j’ai
bien reconnu moi - même ces lignes ; mais les
attaques, fi l’ on en fait, me le feront apperce-
voir; & fi j’en fuis forti, je n’ aurai point de
honte d’y rentrer. En attendant, je vais tracer
ici en peu de mots celles que je me fais
fixées.
Première Propofttion.
L’idée de S u b s t a n g e s qui ont avec la
M a t i è r e des rapports, dont nous connois-
fons les effets fans en connoître la nature ; n’a
rien que de très intelligible & de très admiffi-
ble.
Seconde Propofttion.
On ne fauroit affirmer, que les parties de
I’Un i v e r s que nous connoiffons par nos
cinq S e n s , foient tout PU n i v e r s ; qu’ il n’ y
aît pas des E t r e s de nature totalement inintelligible
pour nous dans l’état où nous foin,
mes, & des rapports, inconnus auiïï pour nous,
qui exiftent entre ces E t r e s & ceux que
ùous connoiffons par quelques unes de leurs