
certains lieux. C’eft pourquoi je n’ai négligé
aucune occafion de faire connoître à ceux qui
éprouvent des difficultés, la manière dont j’ai
vu que d’autres les furmontent : & c’eft là un des
objets dè mes digreflions.
Mais mon plan principal a des vues plus générales.
Ce font des principes que je cherché
à établir; & partout auïïi où j’en ai trouvé les
fondemèns dans l’ expérience, j’ai cherché à les
fixer. Si en allant à la recherche des Fofilles,
j’ai trouvé quelque part des hommes heureux,
mon attention a changé d’objet : elle a été même
bien plus attirée ; car c’eft au bonheur que
doivent tendre enfin toutes les recherches.
Dans ces obfervations accidentelles, je n’ai jamais
trouvé plus de bonheur qu’aux Champs. 11
eil donc bien naturel, qu’en confidérant l’objet
de l’ augmentation de l’Efpèce humaine, je recommande
tout ce qui peut augmenter la population
des Champs. Et voici quelques ré*
flexions générales, qui pourront aider le Leèteur
à faifir plus aifément mes vues à cet égard dans
le cours de ces Lettres,
Je prendrai pour exemple l’Europe, qui nous
intéreflè de plus près, & qui fe trouve dans lé
cas auquel mes remarques s’appliquent le plus
directement. La population ÿ étant déjà très
avancée, & les Etats qui la compofent étant jaloux
lçs uns des autres par leur deiir d’agran*
diffement, les Déferts mêmes y font partagés*
& leurs propriétaires connus. Cette poffeifion
eft partout indiquée par quelques Colons épars*
qui relèvent des Etats auxquels le fol eft échu.
Il s’ agit de faire paifer tout le refte à la culture.
Il fe préfente pour Cela deux routes principales.
L’une d’encourager la culture, dans le
but d’avoir plus de denrées dans les Villes;
l’autre de peupler les Défera, en ne confidé-
rant d’abord que les hommes mêmes qui les
habiteront.
La première route feroit ' peut-être la plus
aifée & la plus courte. On y arriveroit en augmentant
juSqu’ à un certain point le nombre des
Cultivateurs, & en faifant naître enfuite parmi
ëux, avec précaution, des befoins pécuniaires;
fort par des taxes, foit en leur infpirant des
goûts dispendieux ; afin que la nécelfité d’avoir
idé l’argent, leur fît étèndre leur culture. Ils
|â fourniroient alors plus de denrées aux 'Villes; i il fuffit ïans doute qu’ il y en arrive davantage*
pour que leut population augmenté. Cela
s’efFeêtue de foi-même ; il n’eft pas befoifl
d’y fonger ; les Arts & le Commerce, fuivent
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