
i ’ o A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L iv r e III.
l’une des deux plus vivement que l’autre, il étoit naturel, après
avoir bien examiné l’air de vent que l’on avoit à craindre, que
ce fût plutôt celle du n6rd , afin que les febles venant s y
adoffer , ne s’accumulaffent point dans le chenal. O n avoit
d’autant plus de raifon pour devoir en ufer ainfi, que dès 1731■
M. de Touras avoit fenti la néceffité de porter la tete de cette
iettée d’environ 30 toifes plus avant à la mer que ne le feroit
celle du fud , non-feulement pour empêcher les fables de
s’amaffer à l’entrée du chenal, mais auffi dans la vue de preler-
ver les navires d’être chaffés contre cette derniere i ce font
autant de motifs pour prolonger une jettee plus que 1 autre ,
comme nous l’avons dit précédemment.
Apologie de
ceux qui font
travailler ^
dans, la mer.
Il n’eft pas moins effentiel de bien garnir le pied de la jettee
expofée aux mêmes vents, de crainte que les lames qu ils chal-
fent ne la déchauffent ; ce qui eft arnve dans le cours du travail
de la barre de Bayonne , pour n’avoir pas fait des nsbermes
affez folides aux endroits les plus battus. Enfin il eft encore a
remarquer que pendant tout le tems que la digue du lud a de-
paffé celle du nord, l’entrée de la riviere etoit devenue plus difficile
que jamais, parce que le vent du nord-oueft étant le plus
v iolent, & en même tems celui qui aide le plus
il étoit bien dangereux que ne pouvant fe ranger parallèlement
à cette jettée, ils ne fiiffent s’y brifer.
7 66. J’ai cru ne pouvoir me difpenfer d expofer une partie
des fautes qu’on a fait dans le cours de ce travail, puifque ce
n’eft qtie par leur connoiffance qu’on peut éviter de les commettre
; ce n’eft pas que j’en veuille faire un demente a ceux
qui en ont eu la conduite vils font affinement bien excufa-
bles. Comment prévoir tous les accidens quon pourra effuyer
de la part des effets variés d’une groffemer? Dadleurs parune
fatalité attachée à ce qui eft d’une execution difficile, la malignité
faifit fans indulgence tout ce quelle peut blâmer, fans
tenir compte d’une infinité de fages prévoyances auxquelles
on doit le fuccès de ce qui fe trouve achevé heureufement.
Il n’eft pas indifférent de remarquer que tout ce que nous
avons enfeigné dans ce chapitre pour la conftruaion des jet-
tées peut s’appliquer aux autres ouvrages que I on voudra taire
à la mer , dans des circonftances à peu près femblables a celles
qui nous ont fervi d’exemple, particuliérement pour laconl-
trutlion des forts & des risbans. Àuffi ne manquerons-nous pas
de renvoyer à l’une ou à l’autre des féftions précédentes, lorlque
C h a p. VII. D es j e t t é e s et d ig u e s d e m a ç o n n e r ie . 131
nous ferons mention des fortifications maritimes, afin d’éviter
des répétitions au préjudice d’un grand nombre de fujets également
importans qui nous relient à traiter.
S E C T I O N I I I .
D es radeaux & pontons pour fa ciliter le curement des ports Jîtués
fu r l ’Océan.
767. Comme le hafard plutôt que le raifonnement a donné
lieu à la pofition des quais qui bordent les ports de l’Océan ,
qu’on n’a point appropriés aux vues d’un projet général bien
entendu , il n’eft pas furprenant que les éclufes de chaffe fe
trouvent rarement placées convenablement à leur deftination,
parce qu’en bien des endroits elles n’ont été confiantes que
plufieurs fiecles après les mêmes ports. De-là il eft arrivé cjue
non-feulement le courant des eaux ne cure point par-tout également
le port & le chenal, comme il faudrait que cela fiât ;
mais encore que tandis que l’eau creufe d’une part, elle forme
de l’autre des dépôts de vafe & de fable qui deviendraient très-
préjudiciables , fi l’on n’avoit trouvé le moyen de les détruire
à mefure qu’ils naiffent : c’eft ce que nous allons expliquer, afin
de terminer ce chapitre par ce qui nous refte à dire fur ce qui
a rapport aux jettées.
768. De toutes les machines dont on a fait ufage pour faciliter
le curement des ports par le jeu des éclufes , il n y en a
point qui ait mieux réuffi queleradeau imaginé par M . Callain,
tel qu’il l’a fait exécuter au Havre-de-Grace, où je l’ai vu employé
avec un fuccès admirable. Rien de plus fimple & de
plus commode que ce radeau , qui n’eft autre chofe qu’un
affemblage de charpente de bois de fapin, formant un plancher
reftangulaire de 1 z toifes de longueur fur 12 pieds de largeur,
lequel flottant à marée haute, peut être conduit où on veut le
fixer, moyennant les arganaux attachés à fes extrémités pour
l’amarer. Quand il vient à baiffer avec la mer, on fait defcen-
dre dans des couliffes un nombre de pieux de bois de chêne
élevés perpendiculairement fur le bord d’un des côtes du radeau
, qui d’horifontal qu’il étoit, prend la fituation d’un plan
incliné fous l’angle d’environ 45 degrés, parce que les bouts
. nférieurs des pieux venant à toucher le fond du port, lé radeau
Oifervation
fur ta manière
de curer les
ports par le
jeu des'éclufes.
Defcription
d'un radeau
en ufage au
Havre - de-
Grace pour
faciliter W
nétoyement
duport.