Maniéré d'ef-
timer les eaux
que le canal
dépensera
pour le pajfa-
ge des bateaux
parles éclufes»
EJlimation
de la perte que
feront les eaux
par les évaporations
, qui
vont à trente-
deux pouces
de hauteur
388 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e IV.
il ne faut pas négliger celles qui pourraient s’introduire dans le
cariai, provenant des petites rivières & ruiffeaux que l’on rencontrera
en chemin, quand le niveau de leur lit s’accordera
avec celui du canal : elles feront d’autant 'plus avantageufes
pour fa nourriture-qu’elles répondront aux parties plus élevees.
Il eft vrai que les éclufes du fommet ne s’en reffentiront pas,
puifqu’il n’y a que le point de partage feul qui mufle les entre-
■ tenir, mais elles contribueront à la nourriture de celles d’en bas.
Si ces eaux reçues ainfi par intervalles font plus abondantes que
la confommation ne l’exige, on n’en confervera que la partie
-néceffairë, & on laiffera décharger le fuperflu par des épan-
■ choirs ménagés dans les endroits les plus convenables ; mais l’on
a vu ( article 1089 ) combien il importoit de ne .recevoir que
des eaux de fource non fujettes à devenir troubles, & jamais
celles qui venant de la pluie & de la fonte des neiges, ne fe
raffembleroient qu’après s’être chargées de limon qui comblerait
bientôt le canal ; c’elt pourquoi il ne faut admettre de ces
dernieres que dans les cas d’une néceflïté indifpenfable.
11 10. Pour naviger fur un canal tel que celui dont nous parlons
, où il faut que les bateaux montent & enfuite redefcen-
dent, on croit communément que la confommation de chacun
ne va qu’à deux éclufées , l’une pour l’entrée & l’autre pour
la fortie, ce qui n’eft vrai que dans le cas où les éclufes feraient
continuellement chargées ; àu lieu que fi pour foulager leurs
portes, on ne veut pas que les fas foient toujours remplis
d’eau , la dépenfe fera bien plus confidérable pour la montée
que pour la defcente. En e ffet, la même éclufée fuffira pour
faire defcendre un bateau plufieurs chûtes de fuite, ou féparées,
dès que les fas feront de pareille grandeur, parce qu’en vuidant
le fùpérieur on remplit l’inférieur ; au lieu qu’on ne peut faire
paffer l’eau du fas inférieur fucceffivement dans les fupérieurs,
qui ne fe rempliffent, pour y faire monter les bateaux, qu’aux
dépens du point de partage ; c’eft pourquoi il faut de néceffité
avoir égard à ces circonftances dans l’eflimation que l’on fera
de la confommation des eaux.
1111. A l’égard des évaporations, on a reconnu par des expériences
faites avec beaucoup de fo in , qu’elles alloient par
chaque année aux environs de trente-deux pouces de diminution
de hauteur d’eau : fur quoi il eft à remarquer que les plus confî-
dérables fe font depuis le commencement d’avril jufqu’à la fin
de feptembre , & les moindres dans les autres fix mois fui-
C h a p . VII. d e s M a x im e s p o u r l e s c a n a u x . 3 89
vans ce qui eft bien naturel. Quant aux pertes par les tranf-
piratiôns, Ü n’eft guere poflible de les eftimer exaâement, puif-
qu’elles -dépendent de la nature du terrein ou leront iitues les
réfervoirs du point de partage & le canal lui-même ; c’eft pourquoi
il faut examiner fcrupuleufement s’il contiendra l’eau, &
ce que l’on pourra faire fi étant aride & fpongieux, il venoit à
les perdre continuellement. Il y en a qui étant une. fois bien
abreuvés, gardent enfuite l’eau fans une diminution marquée,
au lieu qu’il s?en rencontre d’autres où elle fe perdferifiblement,
quelque précaution qu’on prenne de les battre pour en refferrer
les pores. La feule relfource qui refte, lorfque cela ne fe rencontre
qu’en certains endroits qui n’ont pas beaucoup d’étendue
, eft d’y faire des conrois de glaife; autrement fi cette fu-
jétion avoit lieu p a r-tout, les frais quelle occafionneroit feraient
infoutenables, & obligeraient de changer de deffein. Cet
examen eft de la derniere conféquence , c’eft pourquoi l’on ne
fauroit y apporter trop d’attention, aufli bien que fur la variation
des eaux dont on fe propofe de difpofer; pour y parvenir il
faut fouvent fe porter fur les lieux pour juger de leur état dans
les différentes faifons de l’année, tirer des gens du pays toutes
les eonnoiffances que l’expérience leur aura fournies , fans en
'juger avec précipitation , comme cela n’arrive que trop à la
plupart de ceux qui fe mêlent de faire des projets de canaux.
1 1 1 1. 11 ne faut compter fur le produit des fources qu’au-
tant qu’on aura obferve jufqu ou peut aller leur alteration; Ion
a reconnu par un grand nombre d’expériences que s’ilfe paffe
deux mois fàns pleuvoir, la plupart diminuent de moitié, qu’au
bout de quatre mois de féchereffe leur diminution eft des trois
quarts, & même que plufieurs tariffent & ne reviennent dans
leur premier état que quelque tems après des pluies abondantes.
C ’eft pourquoi s’ilarrivoit qu’il y eût dans le pays une riviere
affez élevée, d’où l’on pût dériver des eaux pour fournir le canal
en tout tems, il faudroit fans héfiter lui donner la préférence
fur tous les autres moyens moins aflùrés, fans fe laiffer effrayer
par la diftance où elle fe trouverait du point de partage, puif-
qu’on fera bien dédommagé de la dépenfe par le furcroît de
revenus que produira la navigation.
Si l’on étoit privé de cet avantage, il faudroit. faire enforte
d’y fuppléer par des étangs & des amas de toutes les eaux des
fontaines & ruiffeaux qui pourront fe raffembler, moyennant
plufieurs rigoles devenant autant de rameaux des principales ,
d'eau par année
commune.
I l fa u t peu
compter fu r
Vuniformité
du produit des
fources. Quelles
font les altérations
iu i
leur arrivent
félon .la durée
desféchereffes.