Ingénieux
moyens employés
à ce fias
pour ne dèpen-
fer par èclufée
que le tiers de
Veau quexige
F u fâge ordinaire.
PI. XLVII,
fig. 2 , } & 4«
4 1 1 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e IV.
conditionnés comme le précédent fervant de radier pour affeoir
les bufcs des portes T V . On a fait ces portes pleines fans'guichets
, parce qu’on a ménagé pour les éclufes d’en haut & d’en
bas les aqueducs IKM & O P Q de chaque côté du fa s, afin
de le remplir & le vuider. Je ne dis rien de la conftruâion des
murs fervant à renfermer ce fas , dont les paremens font construits
en magnifiques pierres de taille, le derrière garni de briques
pofées en liaifon avec mortier de ciment, pour empêcher
les tranfpirations ; le tout d’une folidité admirable. Je palfe de
même fous filence les vis & écrous P, K , fervant à élever les
vannes des permis précédens, & ne dis rien non plus des ca-
beftans A i pour manoeuvrer les portes ; on remarquera feulement
que les premières machines P , K font couvertes d’un
toit d’ais ou de tô le , ayant la forme de coupole, pour les mettre
à l’abri des injures de l’air, & qu’au fommet des portes on
a attaché une planche accompagnée d’un garde-fou pour fervir
de pont à l’éclufier. J’ajouterai que les pilots C E , D F repré-
fentent des embranchements que l’on a fait à l’entrée du canal
fupérieur, pour donner lieu à la prolongation du radier SE des
portes V qui n’ont été faites qu’âprès les fa s , dont les murs
auraient dû avoir plus de longueur dans cette partie ; ce qu’on
a tâché de réparer le mieux qu’on a pu.
1x37. Ce qu’il y a de plus digne d’admiration à ce fas, elt la
maniéré ingénieule dont maître Dubié s’y eft pris pour écono-
mifer la dépenfe des eaux du canal d’Ypres, qui fournit aupafi
fage des bateaux , 8c qui en manquerait dans le tems dé fé~
chereffe, fi cet habile homme n’avoit trouvé le moyen de n’en
dépenfer qu’environ le tiers de ce qu’il en faudrait pour une
chute de vingt pieds ; c’eft-à-dire, qu’on ne tire du canal d’Yprès,
fervant de point de partage, que pour remplir fix ou fept pieds
de la hauteur de la chute du fa s, parce que pour les treize ou
quatorze reftans, on fait fervir perpétuellement environ les deux
tiers de la quantité totale qu’on a mife en réferve.
Comme la différence de hauteur du canal d’Ypres à celui de
Fûmes , n’eft pas occafionnée par une pente du terrein que parcourt
le premier, mais bien par un coteau d’environ vingt pieds
de chûte, maître Dubié a penfé qu’en ménageant à des hauteurs
différentes dans le penchant de la colline un réfervoir de chaque
côté du fas vers l’éclufe fupérieure, il pourrait, au lieu de faire
paffer toute la hauteur CH de l’eau de la chûte dans le canal
inférieur, quand il ferait queftion de la defcente d’un bateau
C h a t . VIII. d e l a C o n s t r u c t io n d e s s a s . 4 13
d’Ypres à Fûmes,ou de remonter de Fumes àYpres, il pourrait,
dis-ïe faire paffer le premier tiers de l’eau dansée réfervoir le
plus élevé ; le fécond tiers dans le réfervoir inférieur, où elle
ferait enfuite retenue par des vannes, pour ne faire écouler dans
le canal de Fumes que le troifieme tiers , afin de mettre le bateau
au niveau AB,qu’on fuppofe être celui de ce canal; qu’en-
iuite lorfqu’on voudrait faire monter un bateau, on pourroit,
dès que leclufe-d’en bas ferait fermée, faire gonfler l’eau du fas
fur la hauteur d’un tiers de la chûte, en remplaçant le tiers qui
aura été vuidé en pure perte, & en ouvrant la vanne de l aque-
duc répondant au réfervoir inférieur, à quoi joignant l’autre
tiers tiré du réfervoir fupérieur dont on ouvriroitauffi la vanne,
l’eau du fas monterait de treize à quatorze pieds , il n en faudrait
plus tirer qu’environ fix pieds de hauteur du canal d Ypres,
pour mettre celle du fas à fon niveau G H C D , & qu’ainfi l’on
ne dépenferoit que le tiers de ce qu’exige la chûte, comme nous
l’avons dit précédemment ; c’eft ce qu’il a execute avec beaucoup
de fuccès, comme on en va juger. J’ajouterai que paffant
par ce fas, j’ai obfervé qu’il ne falloir que huit minutes pour le
remplir d’e au , & monter du canal inférieur dans le fupérieur.
. Si l’on confidere la fécondé figure, qui eft un profil coupe
fur la largeur AB du plan, répondant aux aqueducs des deux
réfervoirs précédens, qu’on n’a pu marquer ici parce qu ils euf-
fent occupé trop de place, on verra que ces aqueducs, fermes
chacun par une double vanne L, paffent fous les digues,& qu us
répondent aux pertuis M par où l’on tire 1 eau du canal fuperieur
& en même tems des deux réfervoirs.
Pour la première opération, l’on ferme la vanne L (figure 4 )
& on ouvre l’autre K ; alors l’eau du canal d Ypres entre par le
premier débouché I, & fort par le fécond M, après avoir ferme
les portes T . Le fas étant plein d’eau, l’on y fait entrer le bateau
qui doit defcendre, enfuite on ferme la première vanne K , &
Ton ouvre la fécondé L pour faire paffer un tiers de la hauteur
de l’eau dans le baffin, obfervant que fa capacité étant fextuple
de celle du fa s, entre les portes des éclufes X , T , l’eau n entre
dans ce baffin que fur la fixieme partie quelle occupoit, c’eft-
à-dire , fur un pied quatre pouces, qui eft celle que retiennent
les vannes L que l’on a doublées pour rendre le réfervoir plus
étanche, & afin qu’en cas d’accident l’une fuppléât à l’autre. ’
A l’égard de l’aqueduc inférieur & fon baffin, ils font entièrement
femblables au précédent; ainfi les eaux fe manoeuvrent