
Calcul de M.
Newton, par
lequel i l trouve
que VaSlion
du foleil fur.
l'Océan efi à
«elle de la lune
3 comme. 2
<ƒ? à 7.
L e s plus fortes
de toutes
les marées font
celtes qui arrivent
au tems
des équinoxes>
io A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e III.
jufqu’au tems des quadratures , c’eft-à-dire, jufqu’au tems que là
lune B fe tro,uve éloignée du foleil D de 90 degrés ; alors elles
font les moindres de toutes, parce que dans ce cas elles ne font
plus l’effet des deux aérions réunies du foleil & de la lune,
mais plutôt l’effet de la différence d’une de ces aérions fur l’autre,
$c ces marées plus foibles font nommées mortes eaux, lesquelles
arrivent à toutes les quadratures , ou fept jours & demi
après les grandes marées. On a obfervé que dans ce tems la
mer monte ordinairement d’un fixieme moins que dans les
v.ives eaux , &c qu’elle defeend aufîi moins d’un fixieme, ce qui
fait à peu près un tiers de différence.
5 9 2. Ce rapport n’eft pas exaâement le même dans tous les
ports, ce qui vient du différent gijpment des terres, ou du plus
ou moins de facilité que la mer trouve à prendre fon niveau
félon la quantité de chemin qu’elle a à faire , & félon quelle
paffe par des ouvertures plus ou moins larges. M. Newton rapporte
dans fon livre des principes mathématiques de la philo-
fophie naturelle , qu’au-deffous de Brijlol la mer monte de 45
pieds dans les grandes eaux, & feulement de 2 5 dans les quadratures
, & il faifit cette obfervation pour tâcher de difeerner
de combien l’affion de la lune eft plus forte que celle du fo-
feil en s’y prenant de la forte. Nommant L ia première de ces
actions & S la fécondé., l’on a L-t-$== 4 5 pieds ; & comme
dans les mortes eaux,ces deux aûions fenuifent,l’on a au contraire
L— S = 2 5 pieds, d’où l’on déduit S = 1 o & L— 35»
qui montre que la lune, à caufe de fon voifinage de la terre ,
peut opérer trois fois & demi plus que ne fait le foleil dans le
phénomène des marées ; de forte qu’en admettant 2 & 7 pour
exprimer les forces avec lefquelles le foleil & la lune attirent
chacun en particulier les eaux de la mer, les marées hautes feront
aux marées baffes comme la fomme de ces deux nombres
eft à leur différence, ou à peu près comme 9 eft à 5. Ainfi fup-
pofant que le foleil foit capable d’attirer feul les eaux à la hauteur
de deux pieds, la lune les élevera à celle de 7 , & les
puiffances réunies de ces deux planètes les feront monter à 9
pieds.
'5 9 3. Il faut remarquer encore que toutes les malines ne font
pas égales ; celles qui arrivent au tems des équinoxes font beaucoup
plus fortes que. celles qui fe font trois mois après, & qui
tombent aux environs des folftices. Il y a à peu près les mêmes
différences entre ces malines qu’entre les marées, des nouvelles
CHAP. I. D u FLUX ET REFLUX DE LA MER. I l
Sc pleines lunés, comparées aux marées des quadratures immé-
diates. Les grandes marées des équinoxes font produites par la du foljlices,
fomme des aérions des deux planètes vers l’équateur ou vers le tUet
milieu de la terre, & l’effet diminue à mefure que les deux grandes. que
planètes augmentent leur déclinaifon. Il fe trouve même une lUi,nd % tune
différence entre les marées du foir & du matin, lorfque les
deux planètes font voifines de l’un ou de l’autre tropique. Sup-
pofé qu’on foit en été, l’adion du foleil & de la lune dans les
nouvelles lunes, fe fait de jour fur un endroit de la mer qui eft
plus voifin de nou s, au heu que c’eft tout le contraire fi le
foleil & la lune fe trouvent vers l’autre tropique.
Mais ce qui produit un effet incomparablement plus confi-
dérable dans les marées, c’eft le changement de diftance de
la lune à la terre. Cette planete tantôt s’éloigne de nous &
tantôt s’en approche; nous n’occupons pas le centre, mais un
des foyers de l’ellipfe qu’elle décrit autour de la terre. Lorf-
qu’elle paffe à l’extrémité la plus éloignée du grand axe de fon
ellipfe, elle fe trouve dans fon apogée , & elle agit beaucoup
moins fur l’Océan. Elle eft au contraire capable d’une grande
adion fi elle fe trouve dans fon périgée, ou à l’autre extrémité
de fon grand axe ; extrémité dont nous fortunes confidérablè-
mentplus proches,la mer s’élève aufîi alors beaucoup davantage. -
Jamais les marées des équinoxes ne font plus grandes que
quand la lune fe trouve vers fon périgée ou à fa moindre diftance
de la terre. Non-feulement lé flux eft plus fort dans ce
tems-là, mais le reflux l’eft aufîi, & on voit à découvert une
infinité d’endroits qui font ordinairement cachés ; c’eft ce qu’on
doit obferver exadement dans l’établiffement des ouvrages qu’il
convient de faire à la m er, afin de profiter des morilens qu’elle
s’écarte davantage pour fonder & affeoir les édifices qu’on a
deffein de conftruire. Il feroit à fouhaiter que l’académie royale
des fcieiices voulût bien faire marquer dans la connoilfance des
tems, le lieu de l’apogée & du périgée de la luné; cette petite
addition feroit d’une extrême utilité, puifqu’elle ferviroit à faire
connoître d’avance ou à prévoir les jours des marées plus fortes
& des marées plus foibles.
Nous avons déjà fpécifié toutes les conditions des premières,
il ne nous relie qu’à ajouter que les marées les plus foibles de
toutes arrivent aux environs des folftices , c’eft-à-dire, vers les
mois de juin & dé décembre, lorfque la lune fe trouve en
même tems dans fon apogée où à fa plus grande diftance de la
B i j