
Etablijfe-
ment de La plate
forme fur
pilotis pouf
les piles & cultes
d’un pont*
Pi. LVII*
448 Architecture Hydraulique,LivreIV.
les planches numérotées pour pouvoir les remettre dans leu?
chaffis , dont les deux montans feront enfonces à la maffe pour
les faire entrer dans ie terrein ferme, après quoi l’on prend les
planches de rempliffage qu’on laiffe couler perpendiculairement
dans les couliffes des mêmes chaffis ; on enfonce ces planches
d’environ dix-huit pouces dans le lit de la riviere.
Cela fait, on cure le fond du batardeau pour remplir fa capacité
de terre grade bien conroyée, enfuite on place les machines
pour les épuifemens ; quand l’ouvrage eft achevé, les mêmes
batardeaux peuvent être enlevé? & employés ailleurs.
1174, L’efpace compris par le? batardeux étant épuifé, on
fait les excavations pour l’emplacement de la culée & des pile?
que l’on a entrepris, donnant au moins fix pieds de largeur de
plus à ces excavations, pour la liberté de la manoeuvre ; enfuite
on trace l’puvrage le plus exaftement qu’il eft poffible , ayant
égard à la grandeur qu’il faudra donner aux empattemens que
pourront exiger les retraites d* deux pouces , qu auront chaque
affife de maçonnerie établie dans l’eau, dont la derniere
doit affleurer la fuperficie des plus baffes eaux.
Ayant fait les fondes îiéceffaires pour juger de la qualité du
fond , on prendra garde qu’àmoins qu’on ne rencontre un banc
de roc d’une épaiffeur fuffifante & par-tout d une égalé folidite,
pour affeoir les fondations, il faudra indifoenfablement les piloter
& les établir fur de bons grillages, On n’aura pas egard fi
une partie du terrein fe trouve ferme, tandis que l’autre ne
le feroit pas , parce qu’il faut que les pilés & cuîees trouvent
une égale réfiftance ; autrement la différence des affaiffemens :
pourrait caufer au pont des accidens auxquels il ne feroit plus
tems de remédier. Suppofant donc qu’on foit oblige de prendre
ce dernier parti comme le plus fûr & que l’ouvrage foit trac
é , on y enfoncera des pilot? d’une groffeur & d’une longueur
proportionnée à la nature du terrein, efpaces de trois pieds d un
centre à l’autre, alignés de maniéré à former un quinconce,
comme on le voit marque dans la figure 3 , qui reprefente la
moitié d’une pile, où l’on a eu égard d’en mettre une file dans
le milieu de fon épaiffeur, afin que ceux des extrémités, com-
m eF , fetrouvent au-deffous de l’angle des avant-becs. Les pilots
du pourtour des piles, comme ceux marqués DEFG, ainfi
que les autres qui borderont les culées, les murs d epaulemens
& les quais, auront au moins dix-huit pieds de longueur fur
dix pouces de groffeur, & ceux de rempliffage pourront n’avoir
C h a p . X I . d e s P o n t s d e m a ç o n n e r ie . 449
#[ue quinze à feize pieds de longueur fur huit à neuf pouces de
groffeur.
Tous ces pilots ayant été récépés de niveau, on les coëffera
de chapeaux ou traverfines O P ( figure 4 ) dont la longueur
excédera de fix pouces les pilots de bordage, & on en remplira
les intervalles avec de la maçonnerie ; cette grille fera recouverte
parunefeconde compofée de longrines R,chacune pofée au-déf-
lùs d’une file de pilots encaftrée avec les traverfines. A l’égard
de celle de pourtour Q S Q , les parties courbes Q S fuivront
exaftement la figure des avant-becs, & on continuera de garnir
de maçonnerie toutes les cafés, jufqùa l’arrafement des longrines
, dont le deffous fera callé à coups de maffe, pour que nul
endroit ne porte à faux. Ce grillage fera enfuite recouvert d’une
plate-forme T de quatre pouces d’épaiffeur, bien clouée & chevillée
; le tout conditionné avec les mêmes foins que pour les
éclufes.
1 175 . L’ouvrage étant arrivé à ce terme, on tracera la pofi-
tion de la première affife relativement aux retraites qu’il doit y
avoir jufqu’au nud du corps de la pile ; on en ufera de même
pour les culées & les murs d’épaulement & des quais, après
quoi on établira la première affife de pierre de taille, compofée
alternativement de carreaux & boutiffes, les boutiffes ayant au
moins trois pieds de queue, & les carreaux deux pieds de lit.
Ces pierres feront coulées, fichées & jointoyées en mortier de
chaux & ciment ; derrière cette première affile & dans tout le
relie de la fuperficie des piles & autres murs, feront pofés de
gros libages les plus jointifs que faire fe pourra, & de même
hauteur que les pierres de parement, pofés à bain de mortier de
chaux & ciment, & tous lesjoints bien remplis d’éclats de pierre
dure ; le tout arrafé avec le même mortier.
Les pierres de parement de cette première affife feront cram-
ponées les unes aux autres avec des crampons de fer fcellés en
plomb ; indépendamment de ces crampons il en fera mis encore
un derrière chaque pierre de parement pour là lier avec le li-
bage, & toutes les'autres affifes feront conditionnées de même,
ainfi que celles des culées & murs d’épaulement, jufqu a la fuperficie
des baffes eaux, qui eft la hauteur ou fe terminera la
derniere affife, après avoir laiffé deux pouces de retraite pour
chacune ; alors on n’emploiera plus de mortier de ciment que
pour le parement, parce qu’il fuffira de remplir le derrière au*
Partie II, Tame I I , L U
W. LVII,
Conflruflioa
de la maçonnerie
d$s piles
& cùlées ,
avec celle des
crèches.*