
'ie leur laf-
geur , que vers
leurs rives ou
berges.
"Examen des
caufes qui contribuent
à élever
le lit des
fleuves.
i 8î A rchitecture Hyd r a u l iq u e , L ivr e IV.
tement contre les mêmes rives retardant la vîteffe de 1 eau qui
les touche immédiatement, & celle-ci les autres parties contiguës
; ainfi de fuite , toujours de moins en moins jufques vers
le milieu de la riviere,où eft ordinairement ce que l’on appelle &
f il de l ’eau, qui fe distingue du refte par un cours plus rapide.
O n voit que cela ne peut arriver fans que cette même rapidité
ne produife fur le fond un effet plus marqué dans fon milieu que
fur les-côtés latéraux.
Les fleuves nepouvant ronger leur lit fans que les petites parties
qui s’en détachent ne troublent l’eau (fur-tout dans le tems des
crues, parce qu’alors elle.a plus de force que de coutume , &
-que les ruiffeaux qui viennent s’y décharger apportent aulh
beaucoup d’autres parcelles provenant des campâmes , que
les pluies & la fonte des neiges ont délavées ) , il eft bon de
remarquer que quoique la pefanteur fpécifique de la terre loit
naturellement plus grand,e que celle de l’eau , il arrive cependant
qu’il n’y a que les parties les plus groffieres qui fe précipitent
au fon d , parce que le mouvement du courant ioutient
les autres en les fubdivifant en des parties dont les furtaces
croiffent beaucoup plus à proportion que leurs maffes ne diminuent
, & qu’il ne leur refte point allez de gravite pour tra-
verfer l’eau qui les foutient, ce qui fait quelles font emportées
avec elle. On a même lieu de croire que beaucoup de celles
qui font defcendues jufqu’au fond remontent enfuite avec
partie des autres qui en ont été détachées , dès qu elles font
devenues affez déliées par le partage qu’en aura fait le rejaillil-
fement de l’eau que les obftacles du même fond occafionnent,
Ainfi toutes ces parcelles terreufes qui troublent l’eau y nagent
auffi long-tems que dure fon aâivité ; mais fi elle vient a décroître
par la diminudon de fon volume ou de la pente du l i t ,,
ou parce que pouvant s’étendre en largeur elle diminue de hauteur;
alors devenue plus tranquille, les parties terreufes fe joignent
& perdent de leur furface à mefure qu’elles augmentent
de malle, & fe précipitent au fond avec d’autant plus de
facilité que l’eau y aura moins de mouvement. Il importe fort
d’obferver qu’à mefure qu’elles eleveront le fond, elles en diminueront
la pente. .
991. Quand un fleuve reçoit de la part des torrens qui y affluent
une fi grande quantité de terre & de fable, dans le tems
des crues, qu’elle ne peut s’incorporer toute avec les eaux,une
C h aR. I. d e l a n a t u r e d e s F l e u v e s 283
partie defcend au fond & l’autre eft emportée au loin ; ce qui
arrivera de même à la première, fi après la crue les torrens cef-
fant de charier, le fleuve a le tems néceffaire pour détacher
ce que fon lit aura reçu ; mais fi l’intervalle d’une crue à l’autre
fuivante ne fuffit point, ce qui n’aura pu être emporté groflira
par l’effet de la crue fuivante, qui aura la même fuite que la
précédente, ainfi des autres. Alors fi ces crues font périodiques
, comme cela arrive affez ordinairement, le lit du fleuve
s’élèvera infenfiblement en diminuant de pente, & les eaux déborderont
peut-être dans la campagne, à moins qu’on ne les
foutienne par des digues, afin que reliant gonflées à-une certaine
hauteur,elles acquièrent autant d’énergie qu’il en faut pour ronger
les dépôts dans le tems que le fleuve n’en recevra point
de nouveau.
992. Le courant d’un fleuve régulièrement dirigé , a yan t,
comme on vient de le dire, plus de vîteffe dans le milieu de
fa largeur que vers les bords, fi le fond fe trouve fabloneux il
fe creufera davantage à l’endroit où la rapidité de l’eau eft plus
grande , & par la raifon contraire, de moins en moins en. approchant
des rives ; d’où l’on peut conclure qu’au bout de quelque
tems le lit , de plat qu’il étoit, comme B D , deviendra
courbe en maniéré de voûte renverfée B CD ; aufli la riviere
continuant à s’approfondir de la-forte, aequérera-t-elle toujours
plus de vîteffe dans le milieu à mefure que la hauteur de l’eau
croîtra, quoique fon volume refte le même. Si l’eau vient à augmenter
par quelques crues, elle creufera encore le fond avec
plus de vélocité & toujours davantage dans le milieu que vers
les côtés. Les pluies ou la fonte des neiges venant à ceffer, la
riviere diminuant de hauteur 8ç de vîteffe, principalement vers
les berges, les parties terreufes dont l’eau fe trouvera alors-imprégnée
, s’y depoferont en bien plus grande quantité que dans
le milieu, où l’aQivité que le fleuve y aura confervée ne leur
permettra pas de defcendre, mais feulement vers les rives qui
fe.fortifierpnt au pied. Si le même effet arrive dans toutes les
crues, ç’eft-à-dire , que le milieu du fond continue de s’approfondir
, tandis que les berges iront toujours en fe fortifiant,
non-feulement une telle riviere confervera fon lit dans la même
direûion , mais elle deviendra encore capable de contenir les
plus grandes crues fans jamais caufer de débordement, comme
on le remarque à celles qui font fuffifamment encaiffées. Toutes
Jps fois qu’il arrive le contraire, c’eft qu’elles ne font point
N n ij
L e lit des
fleuves régulièrement
dirigés
} dont le
fond eft fabloneux
, devient
concave en maniéré
de voute
renverfée.
PI. XXXV,
Fig.