Recherches
fu r la caufe
de la vîteffe
naturelle de
. Veau, des
fleuves.
274 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e IV.
bien connues, on puiffe en arrêter le cours par des réparations
convenables aux effets de la nature. Comme le célébré Gu-
slielm ini , premier mathématicien de l’univerfité de Bologne,
mort en 1710, & F cutlictl M ichelini,, ingénieur du grand duc
de T o lcan e , ont écrit fur cette matière , j’ai profité de leurs
connoifîances en compofant ce chapitre, ou j ai fait enforte de
comprendre ce qu’ils ont dit de plus utile , principalement le
premier. Mais il eft entré dans de fi grands raifonnemens, que
je n’aurois pu en rendre l’efprit qu’au préjudice des autres fujets
qui dévoient être compris dans ce quatrième livre ; ainfi j’ai
abrégé le plus qu’il m’a été poffihle , étant naturel de donner
quelque préférence aux fujets qui n’avoient point encore ete
traités : cependant comme la matière peut etre réduite à
un certain nombre de maximes propres a déduire des confi.-
quences applicables à la pratique, j’ai lieu de croire que j en ai
affez dit pour mettre le lefteur en état d opérer avec fucces
dans tous les cas qui peuvent fe préfenter. Pour en juger on
faura que j’ai divifé: ce chapitre en trois fe&ions ; la première
comprend ce qui arrive aux fleuves félon leur profondeur ,
largeur & pente; dans la fecende, on en confidere 1 aêtion relativement
à la ténacité de leur lit & aux caufes des atteriffemens
qui s’y forment ; & dans la troifietne on traite des moyens d y
remédier par des épis fitués convenablement.
S E C T I O N P R E M I E R E .
D u cours des fleuves confidérés félon leur largeur , profondeur
& pente.
978. L ’eau des fontaines venant à fe réunir pour former une
riviere,accéléré d’abordfonmouvement iorfque ion lit paît des
montagnes qui lui donnent une pente fort fenfible ; mais après
avoir parcouru un certain chemin , fa viteffe fe réduit bientôt
à l’uniformité par la diminution de cette pente, & par les refif-
tances que prefentent le fond & les finuofites des bords, qui
font autant de caufes propres à détruire la plus grande partie
d'e la vîteffe acquife ; de forte que la répétition fuccefüve des
mêmes obftacles, pourroit à la fin abforber entièrement la vîteffe
reliante, fi la riviere n’acquéroit de la force pour les fur-
CHAP. I. DE LA NATURE DES FLEUVES. 27 J
monter. L’eau ne pouvant retarder fon mouvement fans fe
gonfler", regagne fouvent plus de vîteffe qu’elle n’en a perdu.
Pour bien entendre cette vérité, il importe extrêmement de
confidérer que la pente ne fuffit pas pour obliger les eaux de
couler il leur faut néceffairement le fecours de leur fluidité, qui
fait qu’une partie des mêmes eaux ne peut être arrêtée ou retardée
fans que les autres en fouffrent, parce que leur volume fe
trouvant élevé à une certaine hauteur, les colonnes fupérieures
preffent les inférieures, & leur impriment un degré de mouvement
égal à celui quelles auroient acquis par une chute qui
auroit pour hauteur celle des mêmes colonnes ; ce qui montre
queplus l’eau fera élevée & plus elle aura de vélocité: àquoil’on
peut ajouter que s’éloignant davantage du fond, elle fe reffen-
tira moins de la réfiftance qui peut provenir de cette part.
979. De-là vient que les fleuves ont bien plus de vîteffe dans om
le tems de leurs crues que dans celui où les eaux font baffes, viteJJ'c dam _
principalement dans les endroits où leur lit eft rétréci, parce
que le.même volume d’eau courante s’élève, davantage. Il eft . que
vrai que ce rétreciffement rapprochant les rives du fil de dans Us au-
l ’eau , les obftacles latéraux fe font plus fentir ; mais ce que us “r~
la vîteffe du courant perd de cette part n’entre point en com-
paraifon avec ce qu’elle doit acquérir par l’augmentation de
fa hauteur. On déduit de Ce raifonnement la néceffité de
renfermer entre deux jettées le chenal d’un port de mer, afin
de l’approfondir par l’aéHon de l’eau des éclufés de chaffe ,
comme nous le ferons encore mieux fentir dans la fécondé
fe&ion.
Il eft certain que l’eau paffant d’un lit étroit dans un autre
plus large , pour s’étendre en fuperficie , n’ayant plus tant de
hauteur, doit diminuer de vîteffe ; mais il peut lui en refter affez
-pour couler fur une profondeur médiocre, jufqu’au terme où
les obftacles ne lui permettent plus de s’évacuer auffi promptement
que fa quantité l’exige ; alors celle qui reliera en arriéré
croîtra en hauteur par l’union de celle qui la fu it, & fe fou-
tiendra dans l’élévation qu’elle fe fera faite, de maniéré à fournir
le volume que le fleuve produit. _ ’
980. Ce qui contribue encore à faire naître beaucoup d’iné- &
galité dans la vîteffe d’un fleuve, ce font les pentes & les contre- ,es du lit d’un
pentes du fond, fans parler de la figure de les rives, qui facilite flfff’ ï j ‘ÿ .
ou retarde le cours des eaux ; d’où il arrive qu’on les voit rare- Jînuofités de
ment couler d’une vîteffe uniforme, fur-tout quand elles font
M m ij