
EJlîmation de
la vîteffe de
Veau relativement
ala pente
que l ’on donnera
aux rigoles.
Exemple remarquable
,qui
montre combien
l’on doit
peu compter
Jur l'amas des
eaux de pluie
ou de la fonte
390 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e IV .
qui aboutiront au point de partage. Dans un pays montueux où
il y auroit beaucoup de fources & de ruiffeaux, fi les montagnes
formoient des encuvemens propres à fervir de réceptacles
aux eaux, en les foutenant par de fortes digues, & qu’on pût y
en raffembler une grande quantité, il faudroity ménager des réfervoirs
provifionnels, pour y avoir recours dans lés tèms de fé-
chereffe, au défaut de ceux deftinés à la dépenfe ordinaire du
canal.
1113. Comme il faut que la vîteffe de l’eau que l’on amènera
de loin foit proportionnée au chemin qu’elle aura à faire
pour fe rendre au refervoir de dillribution dans un tems déterminé
, on ne peut donner aux rigoles qui feront à-peu-près en
ligne droite moins de fix pouces de pente par cent toifes , que
l’on augmentera d’un ou deux pouces fur le même intervalle,
lorfque les rigoles auront beaucoup de finuofités. Sur quoi il eft
bon d’être prévenu que lorfqu’elles auront huit à neuf pouces
de pente par cent toifes, on a reconnu au canal de Languedoc,
que l’eau parcourait environ mille toifes par heure : c’eft à quoi
il faut bien prendre garde en choififfant la pofition des réfervoirs
où fe rendront les eaux, pour que le fond n’en foit point alïis
trop b as, eu égard au point de partage.
Suppofant qu’on puiffe difpofer les chofes au plus favorable,
il n’en faudra pas moins donner au baffin de diftribution le
plus d’étendue qu’il fera polîible, afin que contenant un plus
grand volume d’eau , la confommation qui s’en fera pour le
paffage d’un certain nombre de bateaux, foit remplacée allez
promptement par celle.qui viendra de loin, pour quil n’y arrive
jamais une diminution trop fenfible.
Comme plufieurs canaux manquent d’eau dans certains tems
de l’année, & n’occafionnent qu’une navigation languiffante ,
leur exemple doit rendre extrêmement circonfpect fur tout ce
qui appartient au point de partage, & il ne faut pas trop fe fonder
fur celle qu’on pourra raffembler de la part des pluies & de la
fonte des neiges, dont on fentira le peu de reffource en faifant
attention aux remarques fuivantes.
1 1 14 . M.. Colbert, fur-intendant des bâtimens du ro i, voulant
mettre à profit les eaux du ciel qui tomberaient fur les
plaines de Satori , de Saclé, de Trappe, d’A rcy, & c . qui ont
au moins fix lieues quarrées de fuperficie, y fit faire un nombre
infini de rigoles, afin de les raffembler dans plufieurs grands
étangs ou réfervoirs, & de-là les conduire à Verfailles pour le
C h a p . VII. d e s M a x im e s p o u r l e s c a n a u x . 391
jeu des eaux du parc; mais après tous ces grands travaux finis,
on fut fort furpris de voir qu’il n’y en arrivoit pas à beaucoup
près la quantité fur laquelle on avoit compté ; ce qui a donné
lieu à la machine de Marly pour en tirer de la Seine, & à l’aqueduc
de Maintenon qui en amene de la riviere d’Eure ; cependant
que n’avoit-on pas lieu d’attendre de celles que recevoit
un efpace de fix lieues quarrées multipliées par dix-huit pouces
de hauteur deau que les pluies fournirent année commune, montant
à 9420000 toifes cubes , qui avoient paru d’abord, dans
l’eftimation, devoir être plus que fulfifantes à leur deftination ?
1115- Quand on veutdériver une partie des eaux d’un fleuve
pour former un canal de navigation, il faut par un nivellement
voir fi le lieu où elles doivent aboutir eft inférieur à celui où l’on
fe propofe de faire la faignée ; fi cela n’étoit pas, il faudroit
remonter cette riviere jufqu’au terme de fupériorité dont on
aura befoin. Si elle avoit peu de pente & qu’il fallût aller trop
loin pour gagner celle qu’on voudra fe procurer, il faudra voir
fi en la barrant par une digue, on ne pourra pas la faire gonfler
à une hauteur fuffifante ; mais il ne faut prendre ce parti,
qu’après avoir bien examiné s’il n’en réfulterâ pas quelques
grands inconvéniens : par exemple , fi dans le tems des crues
les eaux ne déborderont point dans le pays, & fi l’on pourra
ménager à l'endroit de cette digue un fas avec des éclufes, pour
ne point interrompre la navigation, au cas que la riviere en foit
fufceptible. Le mieux feroit de mettre à profit un pont de maçonnerie
s’il s’en recontre un à portée de-là, ou d’en conftruire
un exprès, fi le befoin du pays l’exigeoit, afin d’y ménager des
éclufes pour foutenir les eaux, & d’avoir la liberté de les lâcher
quand on le voudra, comme nous en donnerons un exemple par
la fuite.
Il ne faut pas moins de circonfpeéfion pour le choix de l’endroit
où l’on fera l’embouchure du canal, de crainte que lors des
fortes crues les eaux n’y paffent en trop grande abondance, &
ne faffent une irruption capable de leur faire abandonner entièrement
leur ancien lit , s’il avoit moins de pente que le terrein
par où elles doivent paffer, comme nous avons dit, dans l’article
707, que cela étoit arrivé au Rhône en l’année 1711.
1116. Pour empêcher ce malheur, il fautfaireàl’embouchure
du canal un fas à éclufe, pour foutenir les eaux de la riviere &
en même tems faciliter le paffage de bateaux, à quelque hauteur
que foient ces eaux; 011 placera cette embouchure dans un endroit
où il y aura le moins d’inconvéniens à craindre de la part
des neige s pour
la dépenfe des
éclufes.
Attention
qu’i l faut
avoir en voulant
dériver
les eaux d’un
fleuve pour les
introduire
dans un canal
de navigation,
afin q u il n en
rèfulte pas
d ’inconvé-
1tiens.
I l fau t une
éclufe à l ’embouchure
du
canal pour fa ciliter
en tout
tems le paffage
des bateaux 9