Î J on nomme
'/êtablijfement
.d’un port ,
l ’heure à laquelle
i k e f c
pleine mer
!dans ce port
jLe jour de lu
nouvelle & de
la pleine lune
, d’où l ’on
déduit l'heure
des marées
pour tout au-
f/ejour?
5 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L iv r e III.
oppofition, qu’il faut attribuer ce phénomène du flux & reflux
à l’aftion du foleil & de la lune. Au relie, on ne peut refufer
à M. New-ton que fon fentiment ne foit aufli conforme à l’expérience
que-celui-de M. Defcarteslui eft contraire; car le jour
des nouvelles, lunes, la mer monte dans tous les ports d’Ef-
pagne, fur l’Océan .& fur les côtes occidentales d’Afrique, à
mefure que la lune, déjà parvenue à l’horifon, s’élève au-deffus
6 quelle avance, de même que le foleil, vers le haut du
ciel. On peut dire la même choie à l’égard de tous les ports de
la mer pacifique fur les côtes d’Amérique : il y a pleine mer
vers les trois heures les jours des f f g i c s , c’ell-à-dire, des nouvelles
& pleines lunes; au lieu que cè devroit être le teros de
la baffe mer, fi l’on vouloit s’attacher rigoureufementàl’hypo-
jhefe de M. Defcartes. Nous nous difpenfons d’entrer plus
avant dans ces difcuffions purement fpéculatives , puifqu il importe
beaucoup plus, pour la fin que nous nous propofons,
d’infifter fur les points de .fait dont il n’eft pas permis de négliger
la connoiffance.
590. Pour agir en conféquence, on faura qu’on nomme eta-r
hliffement des maréesle long d’une côte ou dans un port-, 1 heure
à laquelle il ell pleine merle long de cette côte ou dans ce port,
le jour de la nouvelle & de la pleine lune. Comme il importe
fort de connpître cet établiffement pour en déduire l’heure des
autres marées dans tel tems que l’on voudra, nous rapportons
à la fin de ce chapitre une table .de l’établiffement des marees
pour les principales côtes de l’Europe fur l’O céan , avec la hauteur
où elles y montent clans le meme tems. Voulant en faire
ufage, on fe rappellera que les marees fie .font chaque jour a
des heures différentes, quelles retardent journellement de 48
minutes, & qu’elles ne reviennent aux mêmes heures que de
15 en 15 jours. Gomme la table dont il s’agit marque les marées
pour les jours des nouvelles & pleines lunes, o.n faura
.d’avancé par fon moyen l’heure à laquelle il fera pleine mer
dans tout autre tems, dès qu’on aura égard au retardement
.qu’on trouve par la réglé de trois, que nous avons indiques,
art. 584. ' ■ ’ ’ •' ' - .
Par exemple, fi l’on demande à quelle heure il fera pleine-
mer à Breft le 13 feptembre 1 7 5 1 , il faut commencer par
voir dans la table quel ell l’établifiement deBreff, on le trouvera,
de 3 heures 45 minutes. On cp.nlultera enliiite quelque éphé?
ï»éride? ou un fimple almanach, pourvoir quel jour dp mois
C h a r . I. D u f l u x e t r e f l u x d e l a m e r . 9
■ de feptembre arrivera la pleine lune, & l’on trouvera que c’ell
le 5, fansfe mettre en peine de l’heure de cette phafe; car puif-
qu’unjour entier fur le mouvement de la lune ne produit que
48 minutes de retardement des marées, il fuffit de connoître à
peu près la pleine ou la nouvelle lune, pour ne commettre aucune
erreur fenfible dans le calcul qu’on fe propofe. Il relie
donc à favoir de combien la marée retardera en 8 jours, c’ell-
à-dire , depuis le 5 jufqu’au 13. Mais nous avons trouvé ( article
584 ) que ce retardement pour 8 jours ell de 6 heures 14 minutes
: par conféquent il fera pleine mer àBrell le 13 Septembre
1 7 5 1 , non pas à 3 heures 45 minutes, comme le jour de la
nouvelle ou pleine lune, mais à 10 heures 9 minutes. Quant à
la baffe mer du même jou r, comme elle doit fe faire à un peu
plus de 6 heures plutôt ou plus tard, félon qu’on veut avoir
celle qui précédé ou qui fuit, elle fe fera vers les 4 heures, tant
du matin que du foir.
Par ce calcul on pourra prendre fes melures pour fe mettre
en état de travailler ce jour-là à quelqu’ouvrage qui ne pour-
roit être exécuté qu’à marée baffe ; deux ou trois jours après
I on aura encore plus de commodité, puifque les deux marées
fe feront vers les 6 heures du matin & du foir, par conféquent
toutes deux pendant le jour.
5 91. Une autre circonllance du flux & reflux qui intéreffe
particulièrement ceux qui font chargés de la direâion des ou-
vrages qui fe font dans les ports de mer, c’efl la quantité dont
les marees montent & baillent : circonllance qui dépend beaucoup
de la difpofition des lieux, & trop vifiblement des mouve-
mens du foleil & de la lune pour n’être pas convaincu qu’ils
font les feules caufes du flux & reflux dans le tems des J ÿ f -
gies, ou des nouvelles & pleines lunes. Lorfque ces deux affres
A & B font en conjonftion & qu’ils agiffent de concert, leur
aftion réunie, ayant alors beaucoup plus de force, occafionne
auffi des marées beaucoup plus grandes ; c’ell pourquoi on les
diftingue des autres en les nommant fortes eaux, vives eaux ,
malines ou reverdies, qui arrivent deux fois chaque mois. On
obfervera que ces-vives eaux ne fe font pas précifément les jours
des nouvelles & des pleines lunes , mais deux jours après, parce
que la mer acquiert pendant ce tems-là une accélération de mouvement
qui la fait monter plus haut que de coutume, quoique
la lune fe trouve un peu écartée du foleil ou de fon point directement
oppofé; enfuite les marées diminuent de jour en jour
Tome I L B '
Les grandes
marées arriv
e n t deux
jours apres le
téms des fyfi~
gies , & les
foibles dans
les quadratures
: leur différence
ejl
d’environ un
tiers.
PL. III.
Fig. Y.