
LorfqueVon
a une longue
fondation d
faire 3 i l ne
fa u t Ventre-
prendre que
par parties*\
afin de nepoint
donner trop de
prife à la mer.
188 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e III.
elle pourroit l’être également dans l’Océan & dans les rivières,
pour fonder un quai, ou les piles d’un pont, aux endroits qui ne
font jamais â fec, & où il refte toujours une grande profondeur
d’eau ; étant préférable dans bien des cas aux fondations faites
à fec dans des caiffes qu’on fait couler à fond de la maniéré
qu’on le trouvera enfeigné dans le chapitre fuivant.
M. Milet de Montville ayant fait remplir de maçonnerie de
béton une caille de vingt-fept pieds cubes , on la plongea dans
la mer où elle refta pendant deux mois, après lefquels elle fut
retirée, pour voir le degré de folidité que cette maçonnerie avoit
acquis ; elle compofoit un corps fi dur qu’on trouva plus de
difficulté à féparer fes parties, que celles d’un bloc de la meilleure
pierre.
845. Lorfqu’on aura une longue fondation à faire & que
l’ouvrage fera expofé à l’agitation des vagues, il ne faudra planter
d’abord que les pilots de l’encailTement fuivant les alligne-
mens déterminés, & ne former le coffre avec les palplanches
que par parties de dix toifes de longueur, pour le remplir tout
de fuite de maçonnerie , afin que cette partie réfifte à l’effort
d’une mer orageufe qui pourroit renverfer l’encaiffement s’il fe
trouvoit vuide. Pour reprendre l’ouvrage après avoir continué
l’encaiffement, on ôtera la cloifon latérale faite avec des pal-
planches ; fi le béton eft déjà confolidé, l’on fera dans le profil
des arrachemens pour que la maçonnerie nouvelle fe lie mieux
avec la vieille ; fi au contraire elle n’a pas fait corps , elle s’inclinera
d’elle-même dans l’encaiffement prolongé, & fe liera naturellement
avec le béton qu’on jettera pardeffus. Onpaffe fous
filence que fuivant les circonftancesdu lo ca l, il faudra des bateaux
ou des pontons avec les agrès qui leur conviennent, pour
porter les matériaux & les radeaux autourdel’encaifTement, afin
de faciliter la manoeuvre.
Après qu’on aura laiffé repofer cette fondation pendant l’hiver,
pour lui laiffer prendre corps, onélevera la maçonnerie par
affifes réglées, dont le parement fera fait en bonne pierre dure
ou en moilon piqué, foit pour la conftruûion d’un mole, d’une
jettée, d’une batterie, ou d’un fort. Si le couronnement fe trouve
expofé â être tourmenté par la mer, ou par le mouvement continuel
des corps pefans, comme cela arrive à ceux des quais ,
il faut avoir grande attention d’en bien affurer la tablette faite du
plus haut appareil, les boutiffes & pannereffes pofées en coupe,
affujetties avec des crampons de fer fcellés en plomb.
846. Si l’on a v o it à conftruire quelques grands ouvrages en
faillie & d’une largeur Confidérable , comme ferait une jettée
ou un mole 011 pourra fe contenter de faire un encaiffement
tout autour pour le revêtir de maçonnerie de béton , remplir
enfuite à pierres perdues l’efpace qu’on aura enveloppé , après
quoil’on continuera d’élever le même revêtement en bonne ma-
çonneriede pierres de taille pofées par affifes réglées, jufqu’àla
hauteur du couronnement de la plate-forme, pour ne donner
à l’encaiffement qu’une largeur raifonnable , afin de ne point
faire de dépenfes inutiles ; on pourroit feulëment, pour plus dç
folidité, lier les murs oppofés par des chaînes placées de distance
en diflance, faites auffi par encaiffement, ou en maçonnerie
de béton.
J’ajouterai que s’il s’agiffoit du revêtement d’une fortification,
ou de tout autre ouvrage fort expofé â la mer du large, & que fi
malgré la contre-jettée dont-il fera garanti, l’on avoit lieu de
craindre que les vagues venant fe brifer contre le parement, lui
fiffenttort par leur jailliffement, ilfaudroit revêtir la partie expo-
fée avec des planches d’un pouce & demi à deux pouces d’é-
paiffeur, arrêtées avec des crampons fcellés dans la maçonnerie,
pour la garantir pendant la première année, afin qu’elle ait le
fems de fe fécher & que les joints n’en foient point dégradés.
847. Comme quelques détails fur la maçonnerie de béton
ne peuvent manquer d’intéreffer ceux qui n’en ont pas l’ufage &
qui pourraient fe trouver dans le cas de l’employer, voici des
expériences fort exaftes faites à Toulon fur la quantité de matériaux
de chaque efpece qui entrent dans une toife cube de
cette maçonnerie, leur poids, le tems qu’il faut pour la faire &
la plonger dans l’eau , entre dix & dix-huit pieds de profondeur.
Pour remplir une fondation qui contenoit feize toifes cubes,
ou a employé, favoir,
livres.
N euf cens quarante-deux pieds cubes de pozzolane
rouge, à 90 livres le pied , pefant enfemble . . 84780
Quatre cens foixante-onze pieds cubes de fable, à
115 livres, pefant enfemble . . . . 5 4 1 6 5
Mille vingt pieds cubes de recoupes de pierres, à
110 livres, pefant enfemble . . . . 112200
Deux cens trente-cinq pieds cubes de mâchefer con-
caffé, à 80 livres, pefant enfemble
Méthode qu'il
fau t fuivre
pour exécuter
félon les pratiques
précédentes
un
grand ouvrage
qui auroit
beaucoup d’é tendue
en longueur
b enlar-
geur*
Détail fur la
compofiùon de
la maçonnerie
de béton.
18800