
Pl. XXXV.
Kg. 4.
'Examen des
propriétés
d'un épi qui
forme du côté
oppofé au
courant un
angle: obtus
avec là rive
adjacente'.
292 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L iv r e IV.
de l’angle qu’ils forment avec la rive adjacente , cet angle pou-'
vant être obtus, aigu, ou droit, nous allons confidérer ce qui
arrive â leur égard, afin de juger dans quel cas l’un doit être
employé préférablement à l’aütre.
On a vu dans la feâion précédente pourquoi les rivières
dévoient par fucceffion de tems changer leur direction naturelle
; il convient préfentement de montrer de quelle maniéré
on peut produire les mêmes chofes par les feuls fecours de l’art,
afin d’en déduire des réglés pour remédier aux dommages qui
leur arrivent. Pour cela, nous fuppoferons un fleuve uniformément
dirigé , & qu’en partant de fa rive gauche A B ,
on a confirait un épi CD qui s’avance vers le milieu de fon
lit , en formant avec cette rive un angle obtus A C D oppofé
au courant ; au furplus, que cet é p i, dont le fommet eft ho-
rifontal , fe trouve affez élevé pour que l’eau ne le furpaffe
point, afin qu’elle foit obligée de couler entièrement par le.
paffage qu’on lui a laiffé.
1008. Suppofant que la loi du choc des corps ait lieu ici fans
nulle altération ,_les filets d’eau, comme E F , e f , compris dans
l’efpace A C D G , qui coulent parallèlement à la rive gauche, &
que nous nommerons courant modifié, venant rencontrer fa
furface CD,réfléchiront parallèlement entre eux, comme FM,
contre la rive droite S T , fous un angle M FD égal a celui d incidence
EFC. Dans ce cas, plus, l’angle A C D fera ouvert & plus;
il reliera de force à l’eau réfléchie pour traverfer la largeur HM
du courant libre SG DM qui lui fait obftacle.La raifon en cil -
que le fupplément D C B de cet angle fe trouve égal a ceux d incidence
& de réflexion C F E , D F M , & que plus ces derniers,
feront aigus, moins la force des filets EF fera diminuée par
la rencontre de l’é p i, parce qui i l ne s’abforbe de la vîteffe abfo-
lu e, que de la p an de ce que fia direction peut avoir de perpendiculaire
à ta furface choquée, & que ce qui lui refie de parallèle,
après le choc , efi exprimé par le finus du complément de l ’angle
de réflexion. Si l’on vouloit que la rive ST fût choquée de la
maniéré la plus avantageufe , c’eft-à-dire perpendiculairement
il faudrait que l’angle obtus A C D valût les trois quarts de deux,
droits, parce qu’alors, fon fupplément B CD étant de 45 degrés
, aufli bien que les angles d’incidence & de reflexion, l’angle
du milieu EFMfe trouvant droit,la direâion FM fera per-,
pendiculaire â ST..
ILfuit de-là que s’i ly avoit à l’endroit M au pied de la riyec
C h a ï». I. d e l a n a t u r e d e s F l e u v e s . 29$
S T , un attériffement qu’on voulût détruire par l’aâion de
l’eau, il faudrait commencer par déterminer la largeur HM
qu’il conviendra de laiffer au paffage du fleuve , tirer la ligne
G N parallèle aux rives , mener à cette ligne la perpendiculaire
MF partant du milieu de l’attériffement, enfuite marquer
la pofition de l’é p i, de maniéré qu’étant renfermé entre les parallèles
A B , G N , fon milieu F réponde à cette perpendiculaire,
& que l’angle A C D qu’il formera avec la rive AB , foit de 13 j
degrés.
Il eft à remarquer que plus l’épi fera prolongé vers la rive
oppofée, & plus l’eau réfléchie aura de force pour traverfer le
courant libre & fe rendre en droiture contre cette rive ; ainfi
l’on voit qu’il y a quatre chofes â examiner pour bien déterminer
le tracé d’un épi. i° . Sa pofition eu égard â l’objet qu’on
fe propofe. 20. L’angle que la face oppofée au courant doit
faire avec la rive adjacente. 3®. Sa longueur par rapport à la
largeur du fleuve. 40. La vîteffe & la direâion de fon cours.
Ces différentes confédérations font bien difficiles à concilier,
aufli ne peut-on. fe flatter de réuflîr qu’après avoir acquis par
une longue pratique une connoiffance parfaite des effets du
fleuve dont il s’agira.
1009. Voilà l’idée la plus naturelle qu’on peut fe former de
l’effet d’un épi fitué comme celui dont nous venons de parler ;
mais comme il refte encore plufieurs circonftances qui donnent
lieu aux mouvemens des parties de l’eau de fe combiner différemment
de ce qui précédé , il convient de les examiner pour
en connoître le réfultat; ce que nous n’avons pas fait d’abord,,
de crainte de rendre le fujet trop compliqué.
Il eft certain que tous les filets d’eau renfermés dans la largeur
C L étant barrés par l’épi , diminuent de vîteffe à mefure
qu’allant à fa rencontre ils en approchent davantage, & que
d’ailleurs ils font plus éloignés du fil du courant principal O V..
Cependant l’eau ne pouvant fe réfléchir qu’avec ce qu’il lui
refte de force après le choc, elle en aura encore moins que
celle qui vient à fa rencontre 4 ainfreetre d’erniere la refoulera
contre l’épi où elle fera foutenue plus élevée qu’ailleurs. Alors-
la feule énergie la fera defeendre de C vers D du côté le plus,
bas, qui eft celui du' courant libre , avec qui elle concourera
vers la rive droite après avoir fuivi une détermination rafante;
& parallèle à la force CD -
Si le courant eft fort rapide, & que l’eau réfléchie canferve.
PI. XXXVm
4.
Quelles fo n t
les différences-
que peuvent
faire naître les
combinaifons■
de L'eau réfléchie,
d'avec ce.
quiaetè expofé-
dans l'àrticle.
précédent-.