
Defcriptiûn
de la baye de
la Hougue.
PI. V,
'Projet pour
eonßruire un
port royal à
k la Hougue.
étanf une fois achevé, fera toujours d’une grande reffource au»
navigateurs, qui pourront y attendre les vents favorables à doubler
le cap de la Hague, & la pointe de Barfleur. Il deviendra un
entrepôt d’autant plus utile au commerce, que les navires qui-
ne voudront pas s’expôfer à la rade du Havre, nullement te-
nable en h y v e r , ni rifquer d’entrer dans fon p o r t ,- pourront
faire tranfporter leurs- màrchandifes de Cherbourg à Rouen»
par des allégés, qui dans l’efpace de i % heures, fe rendront à«
l ’embouchure de la Seine , pour de-là- remonter en trois ou-
quatre jours cette riviere jufqu’à Rouen.-
668. Le defir d’accroître les forces maritimes de la France,«
a fait encore examiner s’il n’y avoit point fur les côtes de Normandie
quelqu’autre emplacement favorable pour ^ conftruiré
un port ro y a l, & l’on n’en a point trouvé qui rut plus digne
d’attention que la fameufe rade de la Hougue , où les-
navires ont coutume de mouiller , en attendant les vents propices
; d’autant mieux que la configuration de la baye qu’on y
trouve, femble inviter à lui donner la preference» En voici la-
pofitiôn. . r ji
Elle eft fituée à l’eft de la prefqu’ifle du Cotentin, & aufud
du cap de Barfleur,,où le rivage de Réville avec celui de Saint--
Vaaft & de Morfalines , forment deux anfes. Entre ces derniers
eft une langue de terre, fur l’extrémité de laquelle eft aflis le
fort de la Hougue; & devant le bourg de S. Yaaft fe trouvé
l’ifle Tatihou, armée de batteries qui protègent cette rade, où-
il y a à marée baffe 5 , 6 , 7 & 8 braffes d’eau, fuivant qu on elfc
plus ou moins éloigné de terre. Elle s’étend entre la côte & le-
banc du Bec, qui joint les iflotes S. Marcou, & l’on y paffe entré
le bout de ce banc jufqu’à la roche la plus avancée, nommée'
Gavendel, adjacente à l’ifle. Elle eft abriée par la cote des vents-
du nord, jufqu’au fud-fud-eft. Ceux qui dominent le plus,- font
le N. E. l’E. & le S, E. cependant on y a vu rarement périr des»
vaiffeaux dans les plus fortes tempêtes, parce que fon fond eft
d’une bonne tenue. Après cet expofé, voici le projet qui a ete-
conçu en conféquence- _
661>. Il confine à former un port dans l’efpace qui eft entre la
Hougue & l’ifte T atihou, où il y auroit toujours à maree baffe 4,,
5 8c 6 braffes d’eau. Pour cela, il faudrait le couvrir de deux digues
à peu près circulaires ; l’Une A B C D répondant aux roches-
de Saint-V aaft, & l’autre DEF G à celui de l’Adent, laiffant entre
leur tête A & G un paffage commode ; de forte que par
cette difpofition, le port auroit 650 toifes del’eftà l’oueft, &
autour de 500 du N. au S. où l’on feroit un baffin vis-à-vis
Saint-V a a ft, dont on formerait une ville avec Fille Tatihou ,
comme on le voit marqué par l’enceinte ponftuée.
Quoique ce projet foit des plus magnifiques, l’extrême dé-
penfe dé fon exécution a été caufe qu’il n’a pas eu lieu , joint à
la crainte que les vagues n’ayant plus la liberté, comme de coutume
, d’excaver & de nettoyer cet emplacement, il 11e s’y fît
des dépôts de vafe capables de le combler infenfiblement ; à
quoi il importe fort de prendre garde quand il s’agit de former
un nouveau p o r t, de crainte qu’il ne devienne inutile quelques
années après en avoir fait la dëpenfe.
670. Un fi jufte fujet d’appréhenfion a donné lieu de rechercher
s’il n’y auroit pas un autre moyen de profiter des avantages
qu’offroit la même rade , fans avoir rien à redouter de fâcheux
pour l’avenir. Après un mûr examen, on n’en a point
trouvé de meilleur que de fe fervir de l’enfoncement formé par la
pointe de la Hougue & le rivage de Morfalines, en faifant à l’eft
une digue A B , parallèle à la langue de terre adjacente à Saint-
V aaft, & une autre CD E à l’oueft, pour avoir un grand balfin
& un avant-port, l’un & l’autre féparés par une digue E F , au
.milieu de laquelle on feroit une éclufe G , pour que la retenue
des eaux du baflin fervît à curer le port, qu’on fuppofe accompagné
de jettées HI & K L , portées jufqu’à la baffe mer , &
dirigées de maniéré que la fécondé venant aboutir au petit rocher
du Manquet, puiffe renvoyer dans le port le cours des
marées , afin d’en mieux faciliter l’accès. Les vaiffeaux auront
l ’avantage de s’y trouver à flot dans le tems de la baffe mer,
étant aile de le creufer jufqu’à la profondeur de 20 pieds, parce
que le terrain y eft glaifeux, & que d’ailleurs il n’y a nul obfta-
cle à furmonter dans l’exécution , ni affablemens à craindre
pour l’avenir, & encore moins la levée de la vague.
Je paffe fous filence que la rade étant de bonne tenue , les
vaiffeaux n’y courront aucun rifque dans un gros tems , &
moins encore de la part de l’ennemi, lorfqu’elle fera protégée
des forts & risban qu’on peut faire fur le rocher de Gavendel,
& à la tête du banc du Bec. Que fi IJpn étoit obligé de lever
l’ancre, il feroit facile de paffer dans le port, lequel ayant toujours
de l’eau fuflifamment à baffe mer, l’on n’aüroit pas long-
tems à attendre pour y entrer avec le flot.
671, Il eft certain qu’un port aulEheureufement placé, favo-
1 fl
Second projet
pour la
Hougue préférable
au précédent.
PI. V.
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