
K. LVI.
Idée de l'affemblage
des
ceintres qui
ont fervi à former
la voûte
de ce pont ,
fuivie du refle
de fa confiruc-
tiw .
440 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e 5, L iv r e IV .
veau , on y a affis un grillage compofé de longrines & de tra-
verfines de douze pouces d’équarriffage, recouvert d’un plancher
de quatre pouces d’épaiffeur attaché avec des chevilles de
On a tracé fur la plate-forme précédente, les lignes neceffai-
res pour y élever la maçonnerie, dont la première pierre fut po-
fée le 6 juillet 1750 par M. Chauvelin, alors intendant de Picardie,
qui a adopté des premiers le projet de ce pont. La maçonnerie
a été élevée de huit pieds de hauteur fur les quatre culées
en huit affifes, faifant retraite de deux pouces chacune ,
avec des encorbellemens pour porter les ceintres. L epaiffeur
des culées au-deffus des retraites eft de neuf pieds ; lêslmurs d’é-
paulement ont huit pieds d’épailfeur, & les autres en aile depuis
ces derniers, fe réduifent vers.leur extrémité à quatre pieds
huit pouces-. - *"*/"*' r, ’ A
n <$6. L’aifemblage des ceintres a étécompofe de fix mai-
trefïes fermes pour la voûte en cul-de-four, avec quatre ceintres,
fuivant la projeftion «des arêtes d’enfourchement, & de huit
autres fermes pour les quatre lunettes toutes ces fermes ont
été liées enfemble avec plufieurs pièces en contrevent, afin d e-
viter les mouvemens que le grand fardeau de la maçonnerie
auroit pu occafionner. Cette charpente-étant finie-, on a continué
de travailler à la maçonnerie , élevée également fur ces
quatre parties, qui fe font reunies par la pofee de la clef.
Les voûtes de ce pont font faites régulièrement fur quatre
pieds d’épaiffeur, avec des vouffoirs , carreaux & boutiflés, alternativement
de trois & de quatre pieds de longueur de queue,
ayant leurs joints quarrés au moins de deux pieds de longueur,
pofés en bonne liaifon, bien fichés , coulés & garnis d’éclats de
pierre à chaque affifc, lelquelles ont été arrafées au droit des
quarreaux, avec des libages pofes fiuvant la coupe jufqu à la
hauteur de l’extrados, • ■
L’appareil de cet ouvrage a été bien fuivi & fait avec toute
la précifion & la folidité pofiible, 'malgré les fujétions. & difficultés
qui fe rencontrent en pareil ca s, tant pour la taille dés
arêtiers que pour les têtes des lunettes , lefquelles forment des
çourbes à double courbure, où le moindre jarret auroit choqué
la vue. La première dont on s’eft fervi eft de la nature du
marbre, elle fe taille au poinçon, & pefe 200 livres le pied
cube.
CH A PITRE
C H A P I T R E X I.
Comprenant des maximes fur la conjlruction des ponts de
maçonnerie.
C^aETTE fécondé partie ayant pour objet l’établiffement
.dès ouvrages qui fe font dans l’eau , il eft naturel de parler
.particuliérement des ponts de maçonnerie, felan la nature du
terrein où on voudra les élever,& relativement aux circonftances
qui accompagneront les rivières qu’ils traverferont. Pour continuer
d’appuyer les inftruâions que je vais donner fur les exemples
qui ont le mieux réuffi, j’aurai recours à ce qui a été fuivi
dans la conftruftion du pont royal fur la Seine, à Paris, ayant
fervi de modèle àprefque tous ceux qui ont été faits en France
depuis 168 5 ; à celui de Sedan fur la Meufe, àcelui qu’on a
achevé en 1733 fur la riviere d’Oife , à Compiegne. Je citerai
d’autant plus volontiers ce dernier, que j.’en ai fuivi le travail
en qualité d’amateur, & qu’il m’a mis en liaifon avec M. Hu-
peau , directeur des ponts & chauffées , qui en avoit la conduite.
Le fuccès qu’ont eu ce pont & les autres dont il a été
chargé depuis, peuvent répondre de celui qu’il a commencé en
1752 fur la Lo ire , à Orléans, qui fera certainement un des plus
beaux de l’Europe, D ’autre part, j’ai eu recours à M. Peronet,
auffi directeur des ponts & chauffées, & chef de la fçavante
école établie à Paris pour les éleves de ce département,
qui m’a mis en état de donner les maximes fuivantes, dans
lefquelles j’ai fait entrer çe que M. P ito t , ingenieur-direâeur
des états du Languedoc, fi connu par fon profond fçavoir,,
m’afourni fur la même matière à l’oçcafion du pont qu’il a adof-
fé à celui du Gard en Languedoc, Je riaipas moins tiré de con-
noiffances des fréquens entretiens qu’une étroite liaifon m’a mis
À portée d’avoir avec M. Polart, autre direfteur des. ponts &
chauffées de France, m’étant fait une loi de ne rien rapporter
qui ne puiffe être avoué par les maîtres de l’a r t, ce qui eft le
vrai moyen de ne point s’égarer.
1167. Les ponts de maçonnerie conftruîts fur les grandes H faut que
routes doivent être d’une folidité à toute épreuve, & d’un ^ “"ponu it
abord commode , fur-tout pouf les voitures ; ils doivent auffi m a ço n n e r ie
Partie I I , Tome I I . K k k