'informent la
deftruêlion des
rives ou berges.
pi.xxxv;
Fig. 2.
Origine des
barres qui fe
forment quelquefois
au
travers du lit
fa s fleuves.
Si le lit d’un
fleuve penche
en certain endroit
plus
188 A r c h i t e c t u r e H ÿ d R.a u l iq u é , L iv r e IV.
d’autres , ces inégalités du fol fuffiront pour changer par la fuite
la direftion de ce fleuve.
Pour en juger nous regarderons le profil A B C D E , comme
celui d’un fleuve dont le fond, le long d’une partie de la
rive droite E D , eft compofé de matière fablopneufe fur la lonr
gueur C D , & le refte B C eft un terrein dur. Cela p olé, il arrivera
à la longue que le premier côté s’approfondira comme le
marque C K D , & qu’au contraire l ’autre BC s’élèvera par fuc-
ceffion ; car le courant trouvant plus de prife à droite qu’à gauch
e , y fera d’autant plus de progrès en profondeur, qu’il acT
quere'ra une plus grande hauteur d’eau I K , parce que l’accroif-
fement de fa vîteffe en fera une fuite néceffaire. Au contraire ,
en approchant de la rive gauche, la vîteffe de l’eau ira toujours
en décroiffant : d’où il fuit que dans le tems quelle fera trou,
bleuies dépôts fe feront en raifoninverfe de la «diminution des
mêmes vîteffes, & formeront le plan incline H C contigu a
CK . Alors la plus grande partie du courant fera rejettée vers la
rive droite ; & la force compofée de fa vîteffe & de fon energie
agiffant contre cette digue félon une direction oblique, en minera
le pied, & formera un finus par la chute des terres qu ellç
aura fappées ; par conféquent, s’il fe rencontre de pareils ter-
reins fablonneux , tantôt vers une rive & tantôt vers 1 autre,
les finus qui naîtront de cette part & de celle des reflexions de
l’eau , feront que le cours du fleuve , de droit quil aura pu
être dans fon origine, deyienda tortueux : aufli y a-t-il bien de
l’apparence que c’eft là une des principales caufes de 1 irrégularité
de leurs rives. - >
1000. S’il arrivoit une le terrein ferme régnât en quelques
endroits fur toute la largeur dulit,& qu’il fut précédé d’un fond
fablonneux, l’eau ayant la facilité d’y mordre, pourra bien tairç
en creufant que le bord du précédent formera un feuil. O r ,
comme il faudroit qu’un grand hafard s’en mêlât pour que ce
feuil fe rencontrât perpendiculairement oppofe, au courant, &
qu’au contraire, il eft à préfumer qu’il lui fera plutôt oblique,
l’eau qui le choquera réfléchiffant contre une des berges,1 entamera
comme ci-devant. '
1001. Ne peut-il point fe faire aufli que le ht dun fleuve,
quoique par-tout d’une égale ténacité, penche naturellement,
tantôt vers un côté & tantôt vers 1 autre ? Alors fi les rives qui
répondront aux endroits les plus profond? ne font point d une
■ f jenaçitg
C h a p . I. d e l a n a t u r e d e s F l e u v e s . 189
ténacité capable de réfifter à l’impreflion oblique du cours de
l’eau fon choc ne pourra manquer d’avoir les mêmes fuites
que précédemment. Il fe pourra bien que ces chofes ne fe
manifeftent qu’après un nombre de fiecles , parce que pour
découvrir le terrein ferme qui fe rencontrera à une certaine
profondeur au-deffous du fabloneux , il aura fallu à ce fleuve
un tems confidérable avant que d’y parvenir. De-là vient qu’après
lui avoir toujours vu un cours allez régulier, il change enfin
de direction, fans en appercevoir le vrai motif, parce qu’on ne
s’avife point de rechercher ce qui eft furvenu à fon lif.
1002. Une autre caufe qui peut encore contribuer beaucoup
à rendre les fleuves tortueux , vient des petites rivières
qui s’y rendent fous différentes direâions : car fi leurs eaux
ont de la rapidité, elles le traverferont, iront choquer la berge
Oppofée ; de-là rejailliront fur l’autre & formeront à la longue
des finuofités. Comme indépendamment de ces caufes il s’en
rencontre encore un grand nombre d’autres qui concourent
à la même fin , on voit qu’il y a une efpece de néceflité que
toutes les rivières perdent la première droiture qu’elles ont pu
. avoir dans leur naiffance, & que par la fuite du tems elles fe
forment un cours en ferpentant; ce qui arrivera principalement
à celles qui charient beaucoup de fable & de gravier, qui
donnent lieu aux attériffemens, par conféquent à tout ce qui
en réfûlte. . . ; :
1003. Perfonne n’ignore combien un état eft intéreffé à entretenir
les rivières navigables, en détournant tout ce qui peut
leur être contraire, fur-tout au paffage des ponts y mais il faut
plus de connoiffance de théorie & de pratique qu’on ne penfe,
pour être en état d’ordonner les travaux propres à remédier au
mal préfent, ou à prévenir celui dont on eü menacé. La négligence
à cet égard n’eft point excufable : j’en pourrois citer
un grand nombre d’exemples qui donnent lieu de tout appréhender
pour'l’avenir ; en voici deux, entre autres g dignes de la
plus grande attention. Si fon n’y prend garde, les ifles qui
naiffent dans la Seine immédiatement au-deffous du pont de
Vernon, & dansleRhône fous celui du Saint-Efprit, rendront
par la fuite ces deuxpaffages extrêmement dangereux, & peut-
être impraticables : fi l’on y remédie trop tard il pourroit bien
arriver que le rétabliffement de la navigation devienne impofli-
ble, malgré-les dépenfes exceflives qu’on y fera. Alors quelle
perte pour Paris & L y o n , fi. leur communication avec la mer
Partie I I . Tome I I . O o
vérs une rive
que vers l ’autre
t i l n'en
faut pas davantage
pouf
en occafeonner
la ruine, quoique
la ténacité
du fond fo it
uniforme.
Un fleüve
qui en reçoit
d ’autre s y peut
devenir tortueux
par
cette feule-
caufe.
Importance
de bien étudier
le cours des
fleuves y pour
être en état
d’ en ordonner,
les réparations..