Rèflexïojïfur
la caufe dit
peu dé durée
de certaines
réparations
faites aux
fleuves*
Pourquoi il'
arrive que des
digues conf-
truites en maçonnerie
, font
détruites par
l ’aêlion d’un
courant, peu
après leur réparation*
190 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e IV.
étoit interrompue ! Cependant on ne paraît point frappé d’une
crainte aufli bien fondée, parce que l’on regarde avec mdifle-
rence le progrès des attérillèmens qui s’y font formes de nos
jours , & qui caufent de juftes alarmes à ceux qui en prévoient
les fuites malheureufes> , -
1004. Quand des rivières fe trouvent encaiilees avec de*
digues fujettes à être dégradées, par l’aaion du courant, il eft
affez ordinaire d’en attribuer la caufe à leur peu de folidite, &
de ne s’occuper qu’à y remédier par des réparations- faites avec
plus de foin. Si le mal continue, il arrive fouvent qu’on prend
le parti de revêtir en maçonnerie les: endroits critiques g
efperant que l’on ne fera plus dans le cas de recommencer.
Cependant l’événement montre quelquefois le contraire ,,
ce qui a fait croire à bien des gens, qu’il y avoit des courans.
dont les effets étoientinfurmontablesj mais c eft une pure-illu-
fion, puifqu’en même tems on remarque que les. digues contiguës
ou oppofées fe maintiennent en bon état quoiqu elles nç.-
foient que de terre. Ce n’eft donc point toujours par lafolidite
des matières dont on les compofe , qu’on peut remédier aux
fuites préjudiciables de l’impétuofité d’un courant, mais bien,
par d’autres moyens que nous expliquerons plus bas. En attendant
il convient de démontrer pourquoi des digues revetues,
de maçonnerie., tombent quelquefois en ruine peu de tems,
après leur conftru&ion. _ ., . . . , ,
‘ 100s. Nous venons de faire féntir qu’une rrnere fe detour-
noit de fon cours naturel, dès quelle paffoit fur un terrein plus
élevé que fan lit, fk que s’il s’en rencontrait près de-la un autre »
plus bas que le niveaudu fond, l’eau y étoit entraînée, par Ion
propre poids. Or s’il arrive qu’en certains endroits il fe trouve
des atterilfemens. qui aient occafionné un fond plus creux
qu’ailleurs , le courant venant à fe précipiter de ce cote-là, ne
manquera pas de fouiller au pied du revêtement & de s introduire
fous fa fondation , fi on ne l’a pas bien garantie par des
files de palplanches redoublées plein fur joint & d une longueur
fuffifante ; encore pourra-t-il-arriver qu’elles feront elles-memes,
déracinées. Alors l’eau venant à s’étendre en longueur & en,
largeur fous le même revêtement, il eft tout fimple que, fe
trouvant fans appui vers le milieu , fon propre poids joint a la,
pouffée des terres lefaffe crouler. Si on le rétablit de nouveau,,
en fe contentant de remplir l’affouillement avec toute forte de^
matières . il n’v a point de doute que laifiant fubfifter les
C hAP. I. DE LA NATURE DES FlÊUVES. 291
mêmes caufes dë deftruffiOii, il n’ait encore une femblable
•deftinée, malgré toutes les précautions quel’on aura pu prendre
pour l’en garantir.
L’unique moyen d’éviter ce dommage eft de diriger le courant
de maniéré que d’une part fa propre force détruife l’at-
tériffement ou le relief qui caufe tout le m£, & quê de l’autre
il releve le fol adhérent à là rive tourmentée. Alors il fufïira de
la réparer, non point en maçonnerie , mais feulement ëri terre,
parce que cette partie du fleuve étant une fois rentrée dans l’équilibre
, fon cours fuivra lè milieu du lit qu il approfondira
fi le fond le permet, tàndis que lés digues fe fortifieront par le
pied & fe trouveront daüis lë même cas que le refte, où l’on
fuppofe que la combinaifon des forces agiflantes & réfiftantes
eft tellement ménagée par les loix de la nature, qu’il n’y arrive
point d’accident remarquable.
1006. Il fuit de ce cjüe l’on vient d’èxpofer, qu’il eft bien
plus fûr de remédier aux caufes fâcheufes , en les détournant,
que de s’opiniâtrer à vouloir en empêcher les' effets ; que par
conféquenton ne fauroit trop s’attacher à les bien connoître,
pour en venir à bout avec peu de dépenfe & de travail. Ce
parti paraîtra peut-être difficile à ceux qui ne fe font point fait
une étude particulière du mouvement des eaux ; mais j’éfpere
les fatisfaire à cet égard dans la feâion fuivante : en attendant.,
il ne faut point perdre de vue que le cours le plus rapide de'
l’eau, à quelqu’endroit qu’il foit, eft marqué par fon fil, toujours
infeparable de la plus grande profondeur.
I l éjl bien
plus fû r de
s ’attacher à
détourner les
caufes des dégradations
qui
arrivent aux
fleuves , que
de s ’opiniâtrer
à vouloir en
empêcher les%
effets.
S E C T I O N I I I .
D es effets que produifent les épis conflruits dans les fleu ves, d’où,
to n déduit la méthode d en réparer les dégradations.
1007. On nomme épis des bouts dè digue conflruits en ma- d efiv iT 'T
çonnerie, ou avec des coffres de charpente remplis de pierres ; quelle fin on
ou bien on les forme d’un tiffu de fafeinage, piqueté , tuné & lcs cmF utt-
garni d’une couche de gravier. Ils fe placent le long des bords'
d’une rivière, pour contraindre le fort du courant de fe déterminer
d’un côté plutôt que de l’autre , afin d’interrompre
tout ce qui peut être préjudiciable ; & comme Ces épis, quand
ils font faillans, produifent des effets différons, félon l’ouverture
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