
diriger les jettées
du port de
Cherbourg.
Pi. XI. % 8,
Maniéré
'£ encaijfer la
fondation des
jettées de ma-
connerie,
n o A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e III.
chaque jettée a été compafé de deux gros murs de bonne maçonnerie
E , A , B , C , D ; le premier faifant face à la mer, 8c
l’autre au chenal, liés enfemble de dix en dix toifes par d’autres
murs traverfant toute l’épailfeur des jettées, comme le montre
la figure, leur intervalle formant autant de coffres remplis de
maçonnerie en argille par un efprit d’économie, mêlée d’un
peu de chaux pour lui donner plus de confiftance, vu la grande
épaiffeur de ces jettées, qui efl de vingt-huit pieds au-deffus de
la derniere retraite, le fommet réduit à 20, pour avoir de part &
d’autre un talud de 4 pieds,
Lorfque les murs de face, ceux de liaifon 8c de rempliffage
eurent été élevés à 5 pieds au-deffous du fommet des jettées, on
a recouvert ces derniers fur toute leur longueur par une voûte
C , G , H ,C , dont les retombées s’appuient fur les premiers ,
pour donner lieu à la plate-forme GH.
752. Les alignemens qui bornoient l’épaiffeur que devoit
avoir chaque jettée ayant été tracés , on ne s’occupa d’abord
que de ce qui pouvoit faciliter l’enfoncement des palplanches
qui dévoient encailfer la fondation ; ainfi, l’on commença par
creufer le long des mêmes alignemens , mais par fucceflion ,
des bouts de tranchée, dont la profondeur étoit réglée fur le niveau
où devoit fe terminer la tête des palplanches, ne lui donnant
de largeur que ce qu’il en falloit indifpenfablement pour
les ranger 8c les battre, fans rien déblayer du refte de la fondation,
qui ne fiat çreufée fur toute fon épaiffeur qu’après que les
palplanches eurent entouré la partie des jettees qu’on avoit
deffein d’élever pendant la campagne.
Comme il s’agiffoit de travailler en pleine greve fans le fe»
cours d’aucun batardeau, il falloit, pour profiter du tems de la
baffe m e r , qui n’étoit que d’environ trois heures 8c demie ,
n’avoir à épuifêr que le moins d’eau qu’il feroit poffible pour
mettre les tranchées à fec. Pendant une heure , deux moulins
à chapeloit vuidoient l’équivalent de vingt toifes cubes d’eau ;
ainfi il ne reftoit guere que deux heures 8c demie pour le travail
effeûif, qui fe réduifoit à enfoncer environ deux toifes
courantes de palplanches, maintenues bien d’alignement entre
deux ventrieres, Ces palplanches liées enfemble à rainure 8c
languettes faites en grain d’orge, avoient 5 pouces d’épaiffeur,
1 1 pouces de largeur, 8c étoient d’une longueur proportionnée
à la nature du terrein, qui en exigeoit communément de 10 à 11
pieds ? pour réfifter après leur enfoncement au choc d’un mouton
C HAP. V IL DES JETTÉES ET DIGUES DE MAÇONNERIE. 121
ton de fix à fept cent livres , appartenant à une fonnette dans le
goût de celle que nous avons décrite ( art. 303 ) , dont on s’eft
parfaitement bien trouvé. Comme le terrein étoit compofé d’un
fable des plus fermes, on fut obligé de fretter les palplanches 8c
de les armer d’un fabot de fer.
7 3 3. A mefure qu’elles étoient enfoncées, l’on rempliffoit fur
le champ la partie de la tranchée qu’elles occupoient, pour diminuer
, en reprenant le travail, les nouveaux épuifemens qu’on
auroit à faire dès que la m er, après l’avoir comblé, viendrait à
fe retirer. Pour empêcher que les vagues ne remplirent de fable
les tranchées 8c n’endommageaffent les machines , l’on éleva
tout le long de petites digues de 3 pieds de hauteur, revêtues
de fafcines, tunées 8c couvertes de pierres, pour réfifter à leur
impétuofité.
Après qu’on eut formé l’encaiffement qui devoit renfermer
la fondation, 8c qu’il fut queftion de l’affeoir à la profondeur
d environ 12 pieds, on prit les mefures néceffaires pour prévenir
tous les inconvéniens qu’on devoit effuyer de la part de
la mer, qui dévoient être beaucoup plus grands que ceux que
1 on venoit d’éprouver pour former les files de palplanches ,
puifque l’on avoit à creufer beaucoup plus de largeur 8c de
profondeur de déblai. On ne trouva pas d’autre moyen de les
furmonter, qu’en fe bornant à n’entreprendre que ce que l’on
pouvoit fonder par marée; 8ccomme il fe trouvoit dans les fof-
fes le triple d’eau que dans les tranchées précédentes, on effaya
d’abord de lès épuifer avec des moulins verticaux; mais on fut
obligédeles abandonner, à caufe du tems qu’il falloit perdre pour
les tranlporter à mefure qu’on avançoit; c’eft pourquoi on préféra
les chapelets inclinés, dent il eft parlé dans l’article 733 de
la première partie de cet ouvrage : on en employa cinq â la
fois , chacun mis én mouvement par douze hommes qui fe
relevoient de demi en demi heure, tandis que d’autres épui-
foient avec des fceaux ou bacs à foupape , auffi long-tems que
la profondeur où l’eau baiffoit pouvoit le permettrè. Moyennant
cette aâivité, l’on parvenoit en une heure de tems, à compter
du moment que la mer s’étoit retirée au niveau de la greve, à
mettre la folle entièrement à fec. .
754. On donna 11 pieds d’épaiffeur à la fondation de chaque
mur de face ; la première aflife de parement fut pofée fur
un cours de madriers, joignant les palplanches à 4 pieds au-
deffous de leur fommet; 8c lorfque la maçonnerie fut à la hau-
Partie I I . Tome I I . Q .
Méthode de
fonder à la
mer lot[quelle
efl baffe ,fans
le fecours des
batardeaux.
Dimcnflon
qu'on a fuivie
en confirui-
fantlesjettées
de Cht'.bour
Excellent